La reconfiguration du secteur français de la biologie médicale

Profession

Biologiste infos

En cette rentrée 2016, les Echos Etudes publient leur cinquième étude sur les laboratoires de biologie médicale intitulée Cartographie et performances des laboratoires de biologie médicale, avec Jean-Pierre Hermet comme auteur. Levée de voile sur quelques-unes des conclusions de cette étude.

Par Steven DIAI, publié le 17 octobre 2016

La reconfiguration du secteur français de la biologie médicale

La Reforme Ballereau en 2008 a marqué le début d’une nouvelle ère pour la biologie médicale. D’entrée de jeu, il était clair que, pour répondre aux nécessités de l’accréditation, les laboratoires de biologie médicale (LBM) allaient devoir se regrouper.

À la fin des années 2000, les 4 000 LBM réalisaient un chiffre d’affaires moyen d’environ 1 MEUR. Seules deux entités se distinguaient : Cerba et Biomnis. Les laboratoires spécialisés n’existaient qu’en France, la petite taille des LBM étant leur raison d’être.

Labco, avec son lobbying, a pris le monde de la biologie médicale de court et le nouveau business model de référence semblait être celui de réseaux intégrés propriétaires de LBM, ce qui exigeait un apport en capital important que seuls des financiers pouvaient fournir.

Sonnés dans un premier temps, les biologistes libéraux ont réagi et obtenu de la Cour de justice européenne, en 2010, que la réforme s’appuie sur deux concepts : accréditation et médicalisation et que l’ouverture du capital d’un LBM à des tiers non biologistes en activité dans le dit LBM reste limitée à 25 %.

Le dynamisme de la biologie indépendante a pourtant été sous-estimé. Mettant à profit les nouvelles règles permettant l’exploitation de LBM multi-sites, les laboratoires indépendants se sont regroupés et ont créé des plateaux techniques. Ces regroupements ne sont pas des acquisitions financières mais des regroupements de Sociétés d’Exercice Liberal (SEL) par voie de fusion ou de filialisation avec une autre SEL. Ces regroupements ont aujourd’hui remplacé la vague de cession initiale due aux prix attractifs. C’est dans ce contexte que sont apparus les nouveaux challengers de la biologie médicale (Labosud, Biogroup, Labazur, Laborizon, Unilians, Bio7…).

Les deux Laboratoires spécialisés, en dépit de leur expérience industrielle, ont eu des destinées contrastées : Cerba, avec PAI comme actionnaire, a poursuivi son développement avec régularité et créé une nouvelle structure, Cerba Healthcare, regroupant les LBM de première intention. Après plusieurs acquisitions de LBM locaux, a acheté JS Bio (73 sites de proximite en Provence, 20 MEUR de chiffre d’affaires) et surtout Novescia dote d’une centaine de laboratoires de proximite generant un chiffre d’affaires de 150 MEUR. Le chiffre d’affaires de Cerba passe ainsi de 352 MEUR à plus de 600 MEUR. Mais il rachète ses clients et est donc en concurrence frontale avec les LBM de premiers recours. Quant à Biomnis, empêtré dans un LBO qui lui laissait une dette de 130 MEUR, a connu d’importantes difficultés et a dû faire des plan sociaux, avant d’être racheté par Eurofins.

La biologie française a été encore marquée en 2015 par des changements radicaux :

– La chute du marché de la biologie en valeur amorcée en 2014 est confirmée.

– De nouveaux acteurs significatifs de la biologie apparaissent : Biogroup, Laborizon, Unilians

– Un nouvel acteur Eurofins, specialiste des analyses agroalimentaires et pharmaceutiques fait son entree en biologie medicale en rachetant Labazur et Biomnis.

– Après l’échec de son IPO, Labco a été racheté par Cinven qui l’a regroupé avec le LBM allemand Synlab.

– Le paysage des groupements d’achats est recompose avec l’apparition de deux Réseaux : LaboFrance et LBI Cooperative.

Dans ce contexte, plusieurs questions se posent :

– Quel est l’avenir des structures capitalistiques ? Comment va évoluer Labco dans le cadre de son rapprochement avec Synlab dont on perçoit difficilement l’intérêt ? Quel va être le prochain mouvement d’Eurofins ? Que va devenir Unilabs ? Quel va-t-être l’acquereur de Cerba et que fera-t-il ? Quel est l’avenir de la biologie libérale ? La biologie hospitalière va-t-elle sous-traiter à la biologie privée ? En 2015, il restait 359 LBM hospitaliers à accréditer il est à prévoir qu’un certain nombre d’entre eux ne franchiront pas l’étape du 1er Novembre 2016.

Pour en savoir plus, retrouvez l’article de Jean-Pierre Hermet dans le numéro d’octobre-novembre 2016 de Biologiste infos.

La rédaction avec les Echos Etudes

Dans la même rubrique
Pots de prélèvements d'échantillons biologiques posés sur des billets
  • Actualités
  • Economie
  • Finances
  • Stratégie
  • Actualités
  • DIV - diagnostics in vitro
  • Economie
  • La vie du réseau
  • Recherche
Geoffroy Poulet, fondateur et DG, Amine Mohammadi COO, Yoan Velut, CTO
  • Actualités
  • Economie
  • Prévention et dépistage