Décès de bébés prématurés par infection bactérienne à Bacillus cereus

Bactériologie

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Suite au décès suspect de deux bébés prématurés, le lactarium d'Île-de-France, a suspendu la délivrance de lait. Il devrait être inspecté en ce début de semaine.

Par Steven DIAI, publié le 06 septembre 2016

Décès de bébés prématurés par infection bactérienne à Bacillus cereus

L’AP-HP a déjà, par précaution, suspendu la délivrance de lait maternel issu du lactarium de Necker aux services de prématurés franciliens, précise le journal Le Parisien qui souligne que « cette affaire suscite l’inquiétude ».

Pr Claire Poyart, chef de service du laboratoire de bactériologie des hôpitaux universitaires Paris Centre (AP-HP), a été interviewée par le Parisien. Elle explique que « l’enquête va s’avèrer délicate ».

La bactériologue revient sur l’historique de l’événement. Selon elle, tout a commencé « quand une hémoculture réalisée chez un premier enfant, grand prématuré, dont l’état s’aggravait a été détectée positive au Bacillus cereus, le 6 août. Il en est décédé ».

Devant la rareté de ce germe en néonatalogie, une enquête a été réalisée pour rechercher la bactérie chez d’autres enfants hospitalisés ainsi que dans l’environnement. « On l’a retrouvée dans le nez d’un autre bébé, qui n’était pas un grand prématuré et ne présentait aucun signe d’infection », précise la chef de service. « Puis la semaine dernière chez un deuxième prématuré, lui aussi décédé, qui était hospitalisé ailleurs. La communication entre les deux sites a déclenché le signalement », explique le Pr Poyart.

Selon la spécialiste, la bactérie n’a « rien à voir avec un staphylocoque ou des bactéries résistantes. La famille des Bacillus cereus n’est pas non plus une inconnue, même si elle peut avoir différentes souches et des variantes. Les analyses en cours doivent chercher si les bébés concernés ont été contaminés par la même souche. Mais en soi ce n’est un germe ni très méchant ni très virulent ». Sa particularité serait de former des spores, qui lui permettent de survivre même dans un environnement hostile, jusqu’à ce qu’il trouve un milieu riche où se multiplier. « Certaines souches se trouvant sur des aliments peuvent intoxiquer un adulte qui les ingère mais sans déclencher de symptôme. En revanche, chez des nouveau-nés très fragiles ou des adultes immunodéprimés (par maladie, greffe ou chimiothérapie) il peut causer une septicémie. Cela arrive mais c’est rare », remarque la Pr Poyart.

Quant aux causes de la contamination des nouveau-nés, la spécialiste n’a pas encore de réponse : selon elle, les nouveau-nés n’ont pas forcément été contaminés par ingestion. Cependant, la question de la qualité du lait du lactarium se pose puisqu’ils étaient tous nourris avec ce lait. « Il était logique de l’analyser et par précaution d’en suspendre la fourniture le temps d’en savoir plus. L’enquête promet d’être difficile, dans la mesure où ce germe peut se trouver partout : dans l’air, sur des draps, des couches… », prévient la spécialiste.

La rédaction avec Le Parisien

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