Bien vieillir, des bases scientifiques aux applications pratiques

Politique de santé

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Au 1er janvier 2015, sur 66 millions d’habitants, la France comptait 12 millions de personnes âgées de plus de 65 ans, soit 18 % de la population. D'ici 2050, la population française augmentera de 14,2 % et le nombre des personnes âgées de plus de 65 ans dépendantes de 66 %. « Seule, la préservation du capital Santé acquis pendant l’enfance, l’adolescence et au début de l’âge adulte peut permettre de bien vieillir », indique l’Académie de Médecine dans un communiqué.

Par Steven DIAI, publié le 07 décembre 2015

Bien vieillir, des  bases scientifiques aux  applications pratiques

Dans son rapport global du 30 septembre 2015, l’OMS donne une nouvelle définition du vieillissement en bonne santé : C’est « le processus de développement et de maintien des capacités fonctionnelles permettant aux personnes âgées de jouir d’un état de bien-être ». Cette définition novatrice souligne l’importance du rapport du groupe de travail « Culture de Prévention en Santé » de l’Académie nationale de médecine et de ses recommandations pour prévenir la dépendance liée aux maladies chroniques.

L’Académie de médecine préconise en effet 4 mesures essentielles :

1) Un traitement correct de l’hypertension artérielle pour permettre de diminuer l’entrée en dépendance, secondaire à des complications cardiaques et neurologiques. « Un suivi de 4 ans d’une population de 83 ans de moyenne d’âge a démontré que le contrôle de l’hypertension artérielle permettait de réduire de façon significative, par rapport au groupe prenant un placebo, l’apparition d’insuffisance cardiaque et la survenue d’accidents vasculaires. Donc même, à un âge très avancé, il est important de faire de bons diagnostics permettant des traitements adaptés à la situation clinique », indiquent les académiciens.

2) La surveillance des adultes pré-diabétiques. « Un suivi de 3 ans de malades adultes pré-diabétiques (hyperglycémie pathologique et/ou hémoglobine glyquée anormalement haute) bénéficiant soit de soins habituels, soit de séances d’éducation en santé (six sessions par mois ayant pour objectif une diminution de 5 % du poids en cas de surpoids, grâce à une augmentation des dépenses énergétiques par l’exercice physique) a montré que la survenue du diabète sucré était notablement retardée de plus de 2 ans dans le groupe intervention. » Ce résultat intéressant est toutefois limité par l’arrêt précoce des programmes de santé rapporté dans d’autres études. « La bonne et longue adhésion aux recommandations est donc essentielle pour obtenir des résultats positifs et valables à long terme ».

3) Le contrôle de 7 facteurs de risque de dépendance liée au vieillissement. L’avancée en âge est le principal facteur de risque, suivi par une éducation de courte durée ; une sédentarité tout au long de la vie et le tabagisme, et à mi-vie, l’obésité, le diabète et l’hypertension artérielle. Le contrôle de ces facteurs au plus tard à mi-vie permettrait de retarder la survenue de l’état démentiel et retarder de 5 ans le début de la démence diminuerait de moitié le nombre de malades atteints de démence. Les études observationnelles de vastes cohortes ont montré qu’une alimentation riche en poissons et des exercices physiques réguliers diminuaient significativement la survenue des états de démence,soulignent les académiciens.

4) Prévenir l’apparition des troubles sensoriels (vision, audition, olfaction). La survenue de troubles de l’équilibre, de chutes, de fractures apparaît azu grand âge mais aussi lors de la baisse de l’activité sociale et dans des situations de mal être. Plusieurs de ces troubles apparaissent fort tôt à mi-vie. Il est possible de les prévenir en évitant une exposition trop intense au soleil et aux bruits excessifs (surtout parmi les plus jeunes générations), une alimentation trop riche, la sédentarité, l’usage abusif d’alcool, le tabagisme et l’air conditionné. Le contrôle du diabète, de l’hypertension artérielle, et l’évitement de certains médicaments au long cours (neuroleptiques, antalgiques etc …) sont aussi essentiels.

Le rapport « PREVENTION DE LA DEPENDANCE LIEE AU VIEILLISSEMENT »

Adopté le 24 novembre dernier, il a pour objectif de proposer une meilleure adaptation de notre système de santé afin de renforcer à toutes les étapes de la vie – particulièrement à mi-vie – et de mettre en exergue des actions de prévention et d’éducation à la santé en vue de réduire les risques de dépendance liés aux maladies chroniques les plus fréquentes des personnes âgées. Il se conclut par les Recommandations suivantes aux Pouvoirs Publics.

Une éducation en santé dès l’enfance

Il faut promouvoir l’activité sportive dès l’école primaire en formant des éducateurs psycho-sociaux qui puissent accompagner le travail des enseignants, avec le soutien actif des parents. La médecine scolaire est à rebâtir complètement.

Des consultations de prévention tous les 5 ans

Plus particulièrement dans la tranche d’âge la plus sensible entre 45-55 ans. Ces consultations pluridisciplinaires permettraient de dépister des anomalies de marqueurs biologiques, radiologiques et cliniques définis par les spécialistes auditionnés.

Des dépistages des maladies chroniques

Notamment pour le diabète, l’hypertension, l’insuffisance rénale, les pathologies musculo-squelettiques, les troubles sensoriels, les troubles psychiatriques et cognitifs. Ils doivent être organisés et pris en charge par la Sécurité sociale. Dépistées avant l’âge de 45 ans, ces maladies peuvent bénéficier d’une prévention primaire, voire secondaire, salutaire. Il faut en faire une priorité nationale.

Une lutte plus active contre les addictions (tabac, alcool, autres drogues)

Ne pas se contenter de déclarations d’intention mais mettre en place des mesures effectives qui ne soient pas différées, « oubliées », détournées, voire contredites… pour des raisons financières ou politiques, comme c’est trop souvent le cas sous la pression de groupes dont l’influence porte un lourd préjudice à la santé publique.

Des mises en garde contre la « malbouffe »,

Elle est à l’origine de l’épidémie de surpoids et d’obésité facteurs essentiels de risque, notamment l’abus de boissons sucrées et l’excès de sel qui altèrent très souvent les fonctions hépatiques et rénales des personnes âgées.

L’administration régulière de vitamine D (200.000 UI quatre fois par an)

Associée ou non à un régime riche en calcium, elle prévient efficacement contre l’ostéoporose qui est fréquente chez les personnes âgées des deux sexes, surtout les femmes, en provoquant des fractures handicapantes, voire mortelles. La vitamine D favoriserait également la fonction musculaire et l’immunité acquise par les vaccins. C’est pourquoi nous préconisons de profiter de la vaccination antigrippale pour supplémenter les personnes âgées en vitamine D.

La promotion intensive de la vaccination

La vaccination protège à la fois la personne âgée elle-même mais aussi en population générale. Il s’agit d’assurer une couverture vaccinale suffisante, notamment contre la grippe dont les effets peuvent être graves, voire mortels, chez les personnes vieillissantes et âgées.

L’instauration d’une « activité physique sur ordonnance »

Animée par des éducateurs médico-sociaux spécialisés dépendant du Ministère de la Santé, sur l’exemple de ce qui se fait au Japon et en Chine, elle pourrait favoriser la pratique régulière et raisonnable de l’exercice physique indispensable à tous les âges de la vie.

La prise en charge par les organismes sociaux publics et privés de l’éducation thérapeutique du patient (ETP)

Les professionnels de santé (médecins, pharmaciens, infirmières,…), les auxiliaires médicaux et médico-sociaux doivent être formés à cette discipline, comme cela existe déjà depuis deux ans dans les études de Pharmacie. L’ETP est un moyen particulièrement efficace pour améliorer l’observance des traitements et le bon usage des médicaments, en particulier chez des personnes fragilisées. En outre, le développement des nouvelles technologies en Santé doit être favorisé pour faciliter l’éducation thérapeutique.

Les académiciens rappellent « qu’il faut lutter contre un aphorisme qui justifie l’immobilisme depuis des années selon lequel « La prévention coûte cher et elle accroît les inégalités de Santé ».Le pourcentage de la Prévention dans les dépenses de Santé est actuellement en France de 5 à 6 % contre 10 % pour la moyenne des Pays européens développés. Une augmentation annuelle de 1 % pendant trois ans nous mettrait au niveau de la moyenne européenne. Selon eux, des économies sont réalisables par le développement d’une vraie politique de prévention coordonnée par le Ministère de la Santé, telle que la préconisent la Cour des Comptes et les Académies de médecine et de pharmacie.

D’après un communiqué de l’Académie de Médecine

La rédaction

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