François Hollande annonce un troisième Plan cancer

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Le président de la République, François Hollande, a annoncé, mardi 4 février, le troisième Plan cancer, d'une durée de cinq ans, qui est placé sous le signe de la réduction des inégalités.

Par Steven DIAI, publié le 07 février 2014

François Hollande annonce un troisième Plan cancer

Ce plan, présenté lors du colloque annuel de l’Institut national du cancer (Inca) à Paris, se décline en quatre grands axes : guérir plus de personnes malades, favoriser la recherche et l’accès à l’innovation, améliorer la vie des malades pendant et après le cancer, et limiter le nombre de nouveaux cancers en agissant sur les cancers évitables.

Le Pr Jean-Paul Vernant était chargé de coordonner la préparation de ce 3e Plan cancer et a rendu son rapport fin août 2013. Le financement du nouveau plan s’élèvera à « 1,5 milliard d’euros, dont la moitié viendront du financement de nouvelles mesures », a précisé François Hollande, qui ne proviendrait pas nécessairement de financements nouveaux, selon l’APM, mais de dépenses d’assurance maladie rendues possibles par des économies réalisées ailleurs.

Le président a précisé que ce montant devait être mis en balance avec « la somme que représente la charge des cancers pour la société française: 14 milliards d’euros, sans compter les préjudices sur la vie des malades ».

François Hollande a ensuite rappelé l’historique des deux derniers Plans cancer. « Le premier plan en 2003 a posé les fondations de la politique globale de lutte contre le cancer en créant l’Inca et a généralisé le dépistage de deux cancers […]. Le deuxième plan en 2009 a intégré les critères de qualité dans la certification des établissements de santé et a soutenu l’innovation ».

« Après 10 ans, les résultats sont là », a estimé le président, en rappelant que désormais plus d’un malade sur deux guérit du cancer. Mais « cela ne doit pas dissimuler la dure réalité : le nombre de personnes atteintes continue d’augmenter » et « il y a des inégalités sociales, générationnelles, territoriales. » L’ambition de ce troisième plan cancer est donc essentiellement de « donner à tous les mêmes chances en France pour guérir du cancer ».

Dépistage et prise en charge

Concernant le premier objectif du plan, « guérir plus de malades », François Hollande a déploré l’insuffisance de participation de la population concernée au dépistage des cancers du sein et colorectal. Pour supprimer le frein financier, il a été décidé que « toute personne qui se fera dépister ou aura un examen complémentaire sera intégralement prise en charge sans aucune avance de frais. »

Le plan a également pour objectif de généraliser le dépistage systématique du cancer du col de l’utérus et de la vaccination contre le papillomavirus, cause de ce cancer.

En matière de diagnostic, le président a déploré l’inégalité d’accès à l’IRM en France, notant qu’en plus de la longueur des délais pour avoir accès à cet examen, ces délais eux-mêmes varient de façon importante selon les régions. Le président a donc fixé comme objectif de passer d’un délai de 27 jours en moyenne à « 20 jours partout en France », et a annoncé une enveloppe de « 15 millions d’euros » pour augmenter le parc IRM des régions actuellement sous-équipées.

Concernant le traitement du cancer, le président a rappelé que « la première exigence est l’information des patients ». De nouveaux indicateurs de qualité seront mis en place et rendus publics sur un site internet afin que « chacun puisse comparer les performances des établissements et des services. »

Accès aux traitements innovants

Le troisième plan conduira d’ici « fin 2015 » à la généralisation du dossier communicant en cancérologie (DCC) « qui contiendra toutes les données en relation avec l’histoire du cancer du patient. » De plus, la personnalisation de la prise en charge de chaque patient « appelle une meilleure liaison entre l’hôpital, qui a actuellement un rôle central, et le médecin traitant qui va occuper une place éminente. »

Concernant la recherche, il a souligné l’importance de la recherche fondamentale car c’est de là que viennent les grandes avancées, mais aussi sa volonté de doubler le nombre de patients inclus dans des essais cliniques.

L’utilisation de la génétique dans la prise en charge des malades étant « encore trop limitée », le président a indiqué qu’il souhaitait multiplier par six le nombre de patients ayant un séquençage à haut débit de leur tumeur afin d’en faciliter le traitement personnalisé. Un financement de 60 millions d’euros sur la durée du plan y sera consacré.

En matière d’accès aux médicaments, le président a indiqué que « tout serait fait pour accélérer les procédures et permettre de prescrire les traitements innovants sans attendre », et décidé d’une politique de gestion des prix des médicaments coûteux avec des révisions périodiques du prix initialement octroyé.

Concernant la prise en charge des patients tout au long de la maladie, le système de dispositif d’annonce personnalisé mis en place depuis le premier Plan cancer sera prolongé avec un programme de prise en charge personnalisée durant le cancer ainsi qu’un programme personnalisé de l’après-cancer.

Une partie du plan concerne la facilitation de l’accès aux études des enfants souffrant de cancer, la sécurisation de l’emploi des personnes qui travaillent au moment où le cancer est diagnostiqué, la sécurisation de leur prise en charge financière quand ils doivent arrêter de travailler et une limitation des dépassements d’honoraires pour les interventions de reconstruction.

Concernant l’accès aux crédits des personnes ayant un cancer, la convention Aeras sera révisée pour prendre en compte l’évolution de la science, car pour certains cancers, une fois guéris, les patients ont une durée de vie similaire à la population générale. Ils pourront alors bénéficier d’un « droit à l’oubli ».

D’après l’APM

EC