Vers un test immunodiagnostique capable de détecter des mutations génétiques à partir d’un échantillon de sang

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PARIS, 15 juillet 2013 – Le Pr John Mendelsohn du Houston’s MD Anderson Cancer Center et le Pr Alexander Eggermont, directeur général de l’Institut Gustave Roussy (IGR) à Villejuif, ont dressé vendredi

Par Steven DIAI, publié le 15 juillet 2013

Vers un test immunodiagnostique capable de détecter des mutations génétiques à partir d’un échantillon de sang

le bilan des avancées en matière de médecine personnalisée contre le cancer, à l’occasion d’une conférence de presse clôturant le 5e symposium annuel du consortium Win.

« Lorsque nous parlons de cancer, nous sommes confrontés à une grande diversité des mécanismes, a rappelé le Pr Mendelsohn, président du collectif Win. Mais nous devons faire face à cette complexité et apporter aux patients ce que nous apprenons en sciences médicales ». L’objectif principal du collectif scientifique Win est en effet d’accélérer, de façon coordonnée, le développement de la médecine personnalisée et de soutenir son accès pour tous en appréhendant tous ses enjeux.

« Aucune équipe aujourd’hui ne peut travailler seule sur un tel programme aux enjeux colossaux », a renchérit le Pr Alexander Eggermont, soulignant fortement l’intérêt de ce collectif international. « Notre programme de recherche unique repose sur des compétences extrêmement variées : de la bioinformatique, de la recherche fondamentale, de la recherche clinique, des biotechnologies, des technologies haut débit, etc… La plateforme Win ne cesse de s’accroître. Et notre idée est de former un lien direct avec le monde politique, afin que celui-ci promeuve l’idée d’aller de la science vers la pratique clinique. »

A l’heure actuelle, pour la majorité des patients, le choix thérapeutique n’est pas guidé par les analyses biologiques. En identifiant le profil moléculaire des patients, les chercheurs souhaitent désormais identifier un pourcentage de patients possédant des cibles fonctionnelles sur lesquelles il est possible d’intervenir. « Nous ne pouvons pas assurer que toutes les stratégies de traitement vont fonctionner, poursuit le Pr Mendelsohn, mais l’idée est que si un traitement fonctionne, nous puissions déterminer exactement sur quel patient il va fonctionner ».

Les avancées du projet Win

Parmi les avancées du collectif, le Pr Eggermont a évoqué le travail de sociétés de biotechnologie sur un test immunodiagnostique capable de détecter des mutations génétiques à partir d’un simple échantillon de sang. « Le sang présente un miroir des tumeurs sur le plan métabolique ; il véhicule des éléments représentatifs des tumeurs que nous aimerions pouvoir doser », a indiqué le directeur général de l’IGR. Ainsi, par une simple prise de sang annuelle, il serait alors possible de repérer la présence d’un cancer émergent. Un dépistage précoce qui pourrait permettre à la communauté médicale d’intervenir sur le patient avant l’apparition de métastases. Plusieurs sociétés de biotechnologie travaillent actuellement sur ce test diagnostique multiplexe, qui devrait permettre de mettre en évidence « 40, 80 et bientôt 400 mutations génétiques grâce à une simple prise de sang », selon le Pr Eggermont. L’idée est qu’une telle puce soit validée et utilisable « de Shanghai à Brasilia en passant par New York et Bogota » Une première version de cette puce a été élaborée mais « elle n’était pas au point et souffrait de plusieurs défauts technologiques », a concédé le Pr Eggermont. Rappelons que l’efficacité des stratégies thérapeutiques dépend non seulement du type de tumeurs mais aussi du fonds génétique du patient, et du métabolisme du médicament, la dose maximale autorisée au Japon ou en Chine pouvant être différente de celle autorisée en Europe.

Quant à l’essai clinique Winther, piloté par le Pr Jean-Charles Soria et lancé en juin 2012, il est actuellement en phase de recrutement de patients atteints de tumeurs solides métastatiques depuis avril 2013. Cet essai propose un choix thérapeutique guidé par des analyses biologiques (ADN, ARN, micro-ARN) pour la majorité des patients qui seront inclus dans l’étude, l’objectif étant de comparer la survie sans progression de la maladie avec un traitement guidé par la biologie à celle obtenue avec le dernier traitement standard prescrit, dans chacun des deux groupes parallèles de l’essai (bras 1 : choix du traitement en fonction d’anomalies connues de l’ADN ; bras 2 : choix du traitement en fonction des analyses ADN, ARN, miRNA de la tumeur et du tissu sain équivalent et du score prédictif bioinformatique). La durée maximale de l’étude étant fixée à deux ans, les chercheurs espèrent disposer de résultats exploitables à court terme.

« La stratégie la plus efficace n’est pas d’activer tout le système immunitaire mais de bloquer certaines cibles, a rappelé le Pr Eggermont. Un des problèmes centraux en immunologie est de comprendre comment le système immunitaire détermine si la mort cellulaire est immunogène, tolérogénique ou silencieuse. Restera ensuite à prévoir « quelles combinaisons de médicaments ont du sens et celles qui n’en ont pas, identifier de vraies cibles, des protéines et peptides opérationnelles, développer des tests, des technologies. Nous avons à traiter avec un nombre croissant de données, la bioinformatique va nous y aider, car nous ne pouvons de toute façon pas y échapper. »

Médecine personnalisée et vision économique

Apporter le juste traitement à un patient déterminé, sera-t-il source d’économie en termes de santé publique ? S’il était courant d’entendre jusque-là, que la médecine personnalisée, en s’adressant à une fraction de la population, permet d’économiser le coût d’un traitement inadapté à une population entière, l’économiste Scott D. Ramsey du Fretch Hutchinson Cancer Center à Seattle, rapporte tout de même au cours d’une session du symposium Win, que l’ensemble des coûts de criblage des patients, des études de bioinformatique et de développement de nouveaux traitements pourraient s’avérer finalement plus élevé que la stratégie de traitement actuelle. « Il y a certainement de l’exagération dans les deux modèles », a tranché le Pr Eggermont. « Seuls 10 à 15 % des patients profitent actuellement de cette médecine personnalisée. De plus, le coût des médicaments tend à diminuer et nous nous dirigeons de plus en plus vers des combinaisons de traitements », a-t-il ajouté. Même si la médecine personnalisée peut engendrer des coûts, il faut garder en tête que « son but est d’apporter un traitement efficace et adapté à un groupe de patients, et que son efficacité apportera des bénéfices dans toutes les directions. » Et le Pr Mendelsohn, d’ajouter : « quelle que soit la stratégie, nous dépensons de l’argent pour notre santé, mais avec la médecine personnalisée, cet argent sera dépensé de façon plus adéquate. […] Lorsque je suis né, seul un tiers des personnes atteintes de cancer survivait à cinq ans, aujourd’hui, nous sommes passés à deux-tiers. Il n’est plus question désormais de revenir en arrière. Nous ne pouvons pas nous passer de cette stratégie car elle a montré son efficacité. »

Le symposium Win est un forum d’envergure internationale visant à stimuler l’innovation et la collaboration dans le domaine de la médecine personnalisée contre le cancer. Il réunit chaque année, depuis cinq ans, des universitaires, des cliniciens, des industriels du monde pharmaceutique et des sociétés de biotechnologie, des biologistes, des bioinformaticiens, des organismes réglementaires et des représentants d’association de patients provenant de plus de 30 pays différents.

E.C.

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