Dispositifs médicaux "piquants" : la sécurité du personnel soignant reste à améliorer

Prévention Biologiste infos PARIS, 3 août 2012 – La transposition française de la Directive eurpéenne 2010/32/UE visant à renforcer la prévention des blessures par des objets tranchants dans les secteurs hospitalier et sanitaire, est attendue pour mai 2013. L’occasion pour Becton Dickinson de rappeler les enjeux de la prévention contre les accidents d’exposition au sang […]

Par Steven DIAI, publié le 03 août 2012

Dispositifs médicaux “piquants” : la sécurité du personnel soignant reste à améliorer

Prévention

Biologiste infos
PARIS, 3 août 2012 – La transposition française de la Directive eurpéenne 2010/32/UE visant à renforcer la prévention des blessures par des objets tranchants dans les secteurs hospitalier et sanitaire, est attendue pour mai 2013. L’occasion pour Becton Dickinson de rappeler les enjeux de la prévention contre les accidents d’exposition au sang (AES), lors d’une conférence de presse.
 
On dénombre un million de blessures par piqûres d’aiguilles chaque année en Europe, les infirmiers en sont les premières victimes, impliqués dans 48% des accidents. 70% de ces blessures et des expositions accidentelles au sang ne seraient même pas déclarées. En 2009, la nature de l’exposition était majoritairement percutanée (79,7%), l’accident se produisant au cours du recapuchonnage d’aiguille usagée ou de manipulation d’instruments souillés ou du collecteur d’objets tranchants.
 
En dépit de la prise de conscience du problème en France, le nombre d’AES demeure élevé, à raison de 16472 événements recensés en 2009 dans 728 établissements de santé, selon les études du réseau RAISIN (Réseau d’alerte, d’investigation et de surveillance des infections nosocomiales).La moitié de ces AES seraient évitables.
 
“Le programme sur les infections nosocomiales 2009-2013 a permis de diminuer de 25 % l’incidence de ces expositions”, a indiqué Christian Rabaud, président du CClin Est (Centre de Coordination de la Lutte contre les Infections Nosocomiales). Mais la directive prévoit expressément que le risque doit être éliminé et non plus minimisé. “Les actions de prévention sont multiples et passent à la fois par des changements de comportements et de procédures, mais aussi par la mise à disposition d’appareils médicaux dotés de mécanismes de protection intégrés”, a rappelé le Dr Rabaud.
 
Introduction d’un matériel sécurisé
Outre l’interdiction de certaines pratiques à risques telles que le recapuchonnage d’aiguille usagée, le texte communautaire renforce les obligations des employeurs en matière de sécurité des salariés et mentionne de manière explicite l’usage de matériel doté d’un système de protection intégré comme solution efficace pour prévenir les AES. “L’utilisation de matériel non sécurisé engendre quatre fois plus de piqûres que celle de matériel sécurisé”, a souligné le Dr Rabaud.
 
“La France a été un pionnier dans la mise en place de protection du personnel soignant entre 2002 et 2008”, a affirmé le Dr Pierre Parneix, médecin hygiéniste au CHU de Bordeaux. Pour autant, la quantité de matériel sécurisé dans le privé fait encore défaut. Ce que relate une étude du CClin Est sur l’évolution de la part de matériel sécurisé. Entre 2006 et 2009, le taux de matériel sécurisé est passé de 50,4% à 56,7% dans le public contre 0,1% à 10,6% dans le privé.
 
Des mesures de prévention essentielles
Marie-Odile Guillon, présidente de la Fédération Nationale des Infirmiers de l’Oise a souligné, après avoir témoigné de sa propre expérience, que “toutes les infirmières se sont déjà piquées au moins une fois au cours de leur carrière”. Philippe Chatron, biologiste et directeur général de Gen-Bio a rappelé que les laboratoires de biologie médicale (LBM) étaient eux-aussi concernés. “Les deux tiers des prélèvements traités dans les LBM proviennent des infirmières libérales et le contact avec une auguille ou un tube cassé peut aussi se faire lors du déballage de colis ou lors de l’élimination des déchets”. Il a préconisé plusieurs moyens pour éviter les AES, mises en place au sein de son réseau: la mise à disposition de matériel sécurisé, la formation des nouveaux arrivants et la mise en place de réunion externes entre infirmières libérales et cliniciens pour un partage d’expérience. “Les LBM seront soumis à l’accréditation ISO 15189, qui leur sera opposable à l’horizon 2016. Il est de leur responsabilité d’inclure comme référenciel au même titre que la norme, cette nouvelle directive européenne.”
Rôle des industriels
Pierre Parneix a pour sa part annoncé qu’en 2007, un rapport du CClin Sud-Ouest indiquait que “seule la sécurité par les industriels pourra protéger les soignants”. De son côté, Christian Seux, président de BD France a rappelé le rôle primordial que devait jouer les industriels sur ce dossier. “Les AES constituent pour notre entreprise une priorité qui va bien au-delà de l’aspect économique. Nous sommes en effet face à un paradoxe éthique : il est profondément anormal et injuste que des personnes qui ont fait le choix de vouer leur vie à soulager les autres, tombent malades en administrant un soin. BD s’est engagée très tôt dans la prévention des AES. Aujourd’hui, nous aidons les structures hospitalières et les LBM à préparer l’application de la directive européenne, que ce soit dans la prise de conscience du risque, dans la recherche d’une solution adaptée à leurs besoins ou dans la mise en place de programme de formation”.
 
A l’hôpital, la directive européenne devrait donc offrir à l’ensemble des pays un niveau de protection comparable, mais dans le secteur privé, le coût de l’acte reste encore à défalquer. Un enjeu  industriel mais aussi de santé publique, qu’a tenu à rappeler cette semaine le SNITEM (syndicat des entreprises industrielles du secteur des dispositifs médicaux) à travers un communiqué de presse encourageant la transposition rapide de la directive européenne.
 
Emilie CLER
 
Crédit photo: www.alexfiodorov.com
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