Comment anticiper les prochaines pandémies ?

Des experts du secteur de la santé, représentants institutionnels, associations de patients et économistes réunis par l'APBM dressent un premier bilan de la crise sanitaire et insistent sur l'importance de mettre en place un réel plan pandémie pour l'avenir.

Publié le 16 juillet 2021

Comment anticiper les prochaines pandémies ?

Il y a deux mois l’APBM (Association pour le Progrès de la Biologie Médicale) revenait sur le rôle des laboratoires privés face à cette crise sans précédent. Aujourd’hui, la question posée est : qu’avons-nous appris ? Serons-nous capables d’anticiper les prochaines pandémies ? « Une crise sanitaire c’est une crise à répétition et c’est une guerre » pose Nadia Bouzigues, à la tête de la task force Covid 19 au ministère des solidarités et de la santé. « Nous n’étions pas prêts, nous n’avions pas tirés les leçons des crises antérieures (Sras, H1N1). Or la densité du réseau aérien mondial et l’âge de notre population nous rendent extrêmement vulnérables » déplore Anne-Claude Crémieux, infectiologue, professeur en maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis de Paris et membre de l’Académie nationale de médecine. « Je suis très admirative des innovations qui ont vu le jour ces derniers mois et qui nous ont permis de faire face en s’éloignant des plans pré-établis. J’espère que l’on saura capitaliser sur tout ce qu’on a appris malgré le phénomène courant d’amnésie des crises » ajoute-t-elle. « Je retiens la solidarité exceptionnelle entre tous les acteurs : soignants, laboratoires de biologie médicale public et privé, acteurs de la vie économique… » surenchérit Didier Jaffre, directeur de l’Offre de soins, ARS Ile-de-France. « Mais attention, on oublie très vite. Cette crise n’est pas finie, il faut rester vigilant. Avec les gestes barrières, nous avons gagné sur beaucoup d’autres plans : moins de gastro, moins de bronchiolites… Il faut les conserver » prévient-il. « Le Sras, le H1N1, les sidérations précédentes avaient conduits à mettre en place des éléments qui se sont érodés principalement pour des raisons financières. La politique de régulation des frais à court terme conduit avoir du mal à se projeter long terme. La question est, qu’allons nous apprendre de nos expériences passées ? » s’interroge Gérard de Pouvourville, économiste de la santé et professeur à l’ESSEC.

 

La France sera-t-elle mieux armée demain ?

« A l’avenir, serons-nous capables de mettre en œuvre une stratégie zéro Covid comme certains pays l’ont fait ? Pour cela il nous faudra sortir de la sidération de départ et appliquer un véritable plan pandémie en s’appuyant sur l’excellente qualité de l’offre de soin français » affirme le docteur Jean-Pierre Thierry, conseiller médical de France Assos Santé. « Le premier avantage de cette crise est que nous avons arrêté de penser que cela ne pouvait pas nous arriver et cela change tout » constate Nadia Bouzigues. « Nous avons réappris l’un des principes de bases de la santé publique : le contact-tracing à large échelle, essentiel dans la lutte contre l’épidémie » précise-t-elle. « Il faut capitaliser sur ce que nous avons appris et tout faire pour préserver la santé qui est une richesse. Les prémices sont là avec le Ségur de la santé par exemple. Le premier enjeu est un enjeu de ressources humaines. Nous devons construire une véritable politique régionale sur la biologie avec des collaborations public-privé » partage Didier Jaffre.« Nous devons envisager le scénario du pire et surdimensionner les stocks. Mais cela percute l’efficience. L’hôpital public est en crise chronique. Je ne suis pas sûre que l’on va y arriver, je ne suis pas certaine que le « quoi qu’il en coûte » va rester. A mon sens, on devrait se préparer aux crises sanitaires comme on se prépare à la guerre » milite le professeur Crémieux.

 

NBS

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