VIH : pertinence des dépistages ciblés dans des lieux de "consommation sexuelle"

Dépistage du VIH

Biologiste infos

Les actions menées par l'association HF Prévention dans certains lieux publics et extérieurs de « consommation sexuelle » montrent des taux importants de dépistage de l'infection par le VIH

Par Steven DIAI, publié le 18 juin 2014

VIH : pertinence des dépistages ciblés dans des lieux de “consommation sexuelle”

, confortant ainsi la pertinence du dépistage ciblé pour le VIH.

Les résultats obtenus par les actions de cette organisation non gouvernementale ont été présentés le 17 juin lors d’une conférence de presse.

En 2013, l’association HF Prévention avait présenté ses actions de prévention et de dépistage au moyen de tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) du VIH dans les lieux de rencontres extérieurs, notamment des forêts, fréquentés par des personnes qui échappent aux actions de dépistage classiques : des prostitués « non assumés » , et surtout des hommes officiellement hétérosexuels qui fréquentent ces endroits pour avoir des relations homosexuelles.

Mardi, l’association a confirmé la pertinence de ses actions en présentant les résultats des Trod réalisés par ses équipes mobiles en 2013. Sur les 2 469 Trod réalisés en 2013, plus de 5 % étaient positifs sur les lieux de rencontres extérieurs.

Identifier les lieux de « consommation sexuelle »

L’association identifie de nouveaux lieux de « consommation sexuelle », en dialoguant avec les personnes rencontrées dans les lieux extérieurs, en consultant les sites Internet de rencontres et surtout « en recoupant » toutes ces informations, explique Jérôme André, son président. Elle élabore actuellement un score permettant de déterminer l’opportunité d’intervenir sur les différents lieux qu’elle repère.

Grâce aux données dont elle dispose, l’association a établi une cartographie nationale de ces lieux, où l’offre de dépistage est particulièrement pertinente. En Île-de-France, HF Prévention dénombre 619 lieux de rencontres extérieurs et 269 « milieux ouverts » qui désignent les autres lieux publics (universités, etc.).

Dans les lieux publics de consommation sexuelle ciblés par l’association -universités, centres commerciaux et « cœurs de cités » – le taux de dépistage s’élevait à 1,25 %. L’association a effectué près de 2 000 Trod dans ces lieux en 2013 dans le cadre de l’opération intitulée « Une minute pour savoir » .

L’association, qui bénéficie notamment de financements de Gilead et de Sidaction, a mené en 2014 une action d’envergure dans un grand centre commercial des Yvelines où elle a réalisé 750 Trod en quatre jours et dépisté 13 personnes séropositives. Dans ces lieux publics, l’association cible les personnes à risque en détachant des bénévoles, aux endroits les plus discrets, au plus près des lieux de consommation sexuelle : toilettes, parkings et caves. Cela implique une collaboration avec la direction des centres commerciaux et les présidents d’université. Dans les centres commerciaux, le personnel assurant la sécurité laisse par exemple l’association visionner des vidéos de surveillance afin qu’elle puisse faire « du profilage ».

Quant aux universités, Jérôme André a précisé « qu’il était compliqué pour les présidents d’université d’assumer la prostitution ». Environ 2 % des étudiants seraient « en situation de prostitution », selon HF Prévention. La quasi-totalité des universités franciliennes ont été diagnostiquées par HF Prévention, qui estime que « toutes ne nécessitent pas leur intervention. »

Pour le Pr Jean Daniel Lelièvre, du CHU Henri-Mondor à Créteil (AP-HP), « il vaut mieux que l’Etat finance ces actions ciblées, plutôt que de grandes campagnes nationales. » Le spécialiste a rappelé que seulement la moitié des quelque 150 000 personnes séropositives avait une charge virale indétectable en France. « Environ 30 000 ignorent leur séropositivité et 92 % des personnes dépistées ne sont pas prises en charge », a-t-il précisé en s’appuyant sur les données de Dominique Costagliola de l’université Pierre et Marie Curie.

HF Prévention est une association dont le but est de promouvoir et/ou de réaliser des actions d’information envers tout public, concernant les modes de contamination et les moyens de se prémunir du virus du sida, des hépatites et des infections sexuellement transmissibles, et d’apporter de l’aide et du soutien psycho-social aux personnes touchées par le sida et/ou les infections sexuellement transmissibles.

Le travail de HF Prévention vise également à orienter les personnes vers le soin. Plutôt que d’orienter vers un centre de dépistage anonyme et gratuit pour confirmer ou infirmer l’infection à l’aide d’un test de référence, l’association propose de prendre un rendez-vous directement et immédiatement dans un service d’infectiologie.

La prévention s’inscrivant dans une logique systématique, l’association réalise également des permanences hospitalières dans les services des maladies infectieuses et des CDAG. Elle réalise des suivis individualisés de personnes touchées par le VIH et les co-infections, actions pouvant être menées aussi avec des partenaires associatifs. Toutes ses actions de prévention et de réduction des risques s’inscrivent dans la durée afin que chacun et chacune s’approprie nos messages dans leur pratique.

La rédaction avec l’Agence de presse médicale