Roche souhaite favoriser l’accès pour tous aux médicaments innovants

Stratégie et Innovation

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Severin Schwan, DG du groupe Roche, Corinne le Goff, présidente de Roche Pharma France et Bertrand le Bert, président de Roche Diagnostics France ont présenté la stratégie du groupe Roche dans le domaine de l’innovation, lors d’une conférence presse mercredi 23 octobre dernier.

Publié le 29 octobre 2013

Roche souhaite favoriser l’accès pour tous aux médicaments innovants

Severin Schwan a ouvert la conférence en rappelant la stratégie du groupe Roche vis-à-vis de l’innovation : « Roche se centre sur la pharmaceutique et sur le diagnostic et est résolu à poursuivre son innovation. » Selon le Dr Schwan, il y aura bientôt une segmentation dans le secteur de l’industrie in vitro : d’un côté les sociétés qui produisent des génériques, de l’autre, les sociétés qui offrent de la différenciation. « Les payeurs allouent des ressources aux solutions qui ont le plus de chances de guérir des patients. Notre stratégie qui allie pharmaceutique et diagnostic présente à ce titre plusieurs avantages : pas de restriction quant au partage des connaissances ou aux échanges en termes de propriété industrielle ; un développement plus efficace des techniques de diagnostic in vitro et une validation clinique plus rapide des tests de diagnostic et des médicaments dans le secteur de la médecine personnalisée. »

Médicaments et tests compagnons à l’étude au sein du groupe Roche

À l’heure actuelle, 70 % de toutes les molécules innovantes issues du groupe Roche sont co-développées avec un test compagnon. Seule la sous-population qui répond à des critères diagnostiques bien précis, sera traitée avec des molécules innovantes, c’est le principe de la médecine personnalisée. « Cette pratique qui a fait ses premiers pas en oncologie s’applique aussi à d’autres domaines, et notamment aux maladies du système immunitaire et aux neurosciences », a précisé le Dr Schwan. En oncologie, à côté des neuf médicaments déjà sur le marché (Avastin, MabThera, Herceptin, Xeloda, Tarceva, Zelboraf, Erivedge, Perjeta et Kadcyla), la société possède actuellement cinq molécules en essai clinique de phase III : Onartuzumab, anti-PDL1, BCL2i, Obinituzumab et Cobimetinib. Dans le domaine de l’inflammation, quatre médicaments sont déjà sur le marché (Mabthera RA, Actemra, Lucentis et Xolair), et trois anticorps sont en essai clinique de phase III : Lebrikizumab (asthme), Etrolizumab (maladies inflammatoires de l’intestin) et Lampalizumab (atrophie géographique). En neurosciences, trois molécules sont en phase III d’essai clinique : Bitopertin (schizophrénie), Ocrelizumab (sclérose en plaques) et Gantenerumab (Alzheimer).

Favoriser l’accès aux médicaments dans les pays en voie de développement

« Pour bien réussir, il faut innover », explique le DG du groupe Roche. « Mais l’innovation seule ne résout pas tout. Encore faut-il que les patients aient accès aux molécules innovantes », ajoute le Dr Schwan. À côté des Etats-Unis où les prix sont libres, des pays industrialisés où les Etats réglementent les prix des médicaments, il existe un marché dans les pays en voie de développement où les patients ne sont pas couverts par le système public en cas de maladie. Ainsi, si le groupe pratiquait auparavant un système de paiement basé sur la quantité de médicaments utilisée (par mL ou par mg), la société a souhaité raffiner son modèle de prix pour le rendre plus soutenable dans les pays en voie de développement. Le prix du médicament et son éventuel remboursement dépendront ainsi dans ces pays de l’état du patient, de sa maladie et de son stade. « Plusieurs médicaments sont employés dans divers types de cancer, mais le prix par flacon est indépendant de l’impact du médicament, alors qu’il se révèle plus efficace sur un groupe de patients que sur un autre. Nous devons instaurer une adéquation entre efficacité et valeur du médicament », explique Severin Schwan. « Il nous faut pour cela collecter davantage de données, afin de faire en sorte que la société ne paie que pour les patients qui ont des résultats cliniques et que le remboursement des médicaments soit basé sur de la valeur délivrée au patient. Nous travaillons avec différents Etats pour nous diriger dans ce sens. »

Savoir reconnaître les innovations de rupture

Bertrand Le Bert est ensuite intervenu pour rappeler que le diagnostic biologique médical était une aide majeure à la décision thérapeutique. « Des données médicales sont collectées tout au long du parcours de soins pour aider à la décision thérapeutique, que ce soit lors du dépistage précoce (Suis-je un sujet à risque ?), du diagnostic (Suis-je malade ?), de l’éligibilité au traitement (Quel est le traitement optimal pour moi ?), lors du traitement ou lors du suivi (Mon traitement est-il adapté ?) », a rappelé le président de Roche Diagnostics France.

Si le facteur de différenciation des sociétés de diagnostic in vitro reposait essentiellement sur la productivité il y a quelques années (sur la base de l’ingénierie, de l’offre modulaire et de l’informatique), il repose désormais sur la valeur médicale ajoutée que peut apporter chaque société, a affirmé Bertrand Le Bert. La branche Roche Diagnostics souhaite en effet se différencier grâce à l’innovation, en produisant notamment des biomarqueurs à haute valeur médicale ajoutée, des tests optimisant la maîtrise des coûts mais aussi des tests-compagnons. Ainsi, a-t-il donné comme exemple la mesure des taux de troponines T durant les trois premiers jours post-opératoires qui permet d’identifier les patients les plus exposés au risque d’un décès d’origine cardiaque dans les 30 jours suivants ou le dosage sanguin de la protéine S100 bêta dans les traumatismes crâniens de l’enfant qui mesure la gravité du traumatisme et qui devrait permettre de réduire 33 % des hospitalisations et des scanners.

Pour autant, ces test-compagnons bien que soumis au marquage CE ne sont pas toujours remboursés. Pour preuve, le premier test compagnon, le test diagnostic HER2 associé à l’Herceptine dans le cancer du sein, n’a été remboursé que dix ans après la mise sur le marché du médicament. « Nous devons rendre cohérents les afin qu’ils arrivent sur le marché en même temps que le médicament », a insisté M. Le Bert.

E.C.

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