L'Agence de la biomédecine évalue les centres d'assistance médicale à la procréation

Assistance médicale à la procréation

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PARIS, 24 juillet 2013 - L'Agence de la biomédecine (ABM) a publié le 11 juillet dernier, un rapport d'évaluation concernant l'assistance médicale à la procréation et le don de gamètes en France

Par Steven DIAI, publié le 24 juillet 2013

L’Agence de la biomédecine évalue les centres d’assistance médicale à la procréation

, relatifs à l’année 2011.

En 2011, 104 centres en France ont réalisé des activités d’assistance médicale à la procréation (AMP), dont 26 ont participé à l’activité don de spermatozoïdes et 25 au don d’ovocytes. 23 127 enfants en sont nés, soit 2,8 % des enfants nés dans la population générale la même année. Parmi ces naissances, 1 307 enfants sont issus d’un don de gamètes (soit 0,16 % de l’ensemble des enfants nés en 2011).

Le décalage de deux ans dans la publication des résultats de l’activité s’explique par la prise en compte de la durée de la grossesse à laquelle s’ajoute le temps nécessaire à la collecte des données, précise l’ABM dans un communiqué.

L’activité d’assistance médicale à la procréation (AMP) en 2011 est globalement stable par rapport à l’année précédente, avec 141 277 tentatives (+1 %). L’AMP en France reste très majoritairement intraconjugale (95%), réalisée avec les gamètes des deux membres du couple. Elle recourt à des techniques différentes : insémination intra-utérine, fécondation in vitro(FIV), Intra Cytoplasmic Sperm Injection (ICSI), transfert d’embryon congelé (TEC), vitrification ovocytaire.

Cependant, l’ABM souligne l’insuffisance des dons de spermatozoïdes et d’ovocytes pour satisfaire la demande des couples sollicitant un don de gamètes.

Le nombre de donneuses d’ovocytes est en augmentation

En 2011, 402 donneuses d’ovocytes ont réalisé un don pour des couples infertiles. Le recrutement de nouvelles donneuses est en augmentation (13 %) comparé à l’année précédente (356 donneuses en 2010). Ces dons ont permis de réaliser 815 tentatives de fécondations in vitro. 303 transferts d’embryons congelés antérieurement (obtenus grâce à des ovocytes de donneuses) ont également été effectués durant cette même année pour le bénéfice de couples en attente.

Au total, 208 enfants sont nés en 2011 grâce aux dons d’ovocytes. Encore mal connu jusque récemment, le don d’ovocytes se développe progressivement avec la médiatisation du besoin, notamment à l’occasion de la publication du rapport de l’Igas en mars 2011, et grâce aux efforts de communication menés par l’Agence de la biomédecine.

Malgré l’amorce d’une progression ces dernières années, la liste des couples sollicitant un don s’allonge : au 31 décembre 2011, 1 806 couples étaient inscrits dans un des 25 centres français pour bénéficier d’un don d’ovocytes. Il aurait fallu 900 donneuses supplémentaires pour répondre à l’ensemble de ces besoins. Le besoin de recruter de nouvelles donneuses en France reste donc important.

Les dons de spermatozoïdes sont en recul

Le don de spermatozoïdes est marqué en 2011 par une baisse d’un tiers, avec 233 nouveaux donneurs (contre 306 donneurs l’année précédente). Ces dons ont permis de réaliser 4 229 inséminations et 1 197 tentatives de FIV ou d’ICSI. Parallèlement, 332 transferts d’embryons congelés antérieurement obtenus grâce à des dons de spermatozoïdes ont été effectués. Durant l’année 2011, 1 099 enfants ont vu le jour grâce aux dons de donneurs de spermatozoïdes.

Cette baisse des dons de spermatozoïdes est « préoccupante », indique l’ABM. D’autant plus qu’elle s’ajoute au « besoin récurrent de diversifier les profils des nouveaux donneurs, pour permettre de répondre au mieux au besoin d’appariement avec les futurs pères, au sein des couples infertiles demandeurs », ajoute l’Agence.

L’Agence de la biomédecine mène désormais avec les professionnels de l’AMP une réflexion globale sur les actions possibles en vue d’améliorer la situation et de conduire à l’autosuffisance nationale concernant le don de gamètes.

Des disparités existent entre les centres

L’Agence de la biomédecine a également évalué les résultats des centres d’assistance médicale à la procréation en 2010, en matière de fécondation in vitro intraconjugale, avec ou sans injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde (ICSI), sur la base de données agrégées par les centres eux-mêmes et du registre national des FIV.

« Cette évaluation était inscrite comme une des missions de l’Agence de la biomédecine dans la loi de bioéthique de 2011 », explique Dominique Royère (ABM). Joëlle Belaïsch-Allart, chef du service de gynécologie obstétrique de l’hôpital de Sèvres, prévient tout de même, dans une interview au Figaro : « Il ne s’agit en aucun cas d’un palmarès des centres. » L’objectif étant « de comparer, de la manière la plus objective possible, leurs taux de réussite par rapport à la moyenne nationale, de repérer les centres en difficulté et de les aider à faire mieux et en s’inspirant de ceux qui réussissent. »

L’étude a concerné 103 centres ayant eu une activité d’au moins 50 tentatives d’AMP intraconjugales. Les résultats ont été évalués en comparant les nombres de ponctions d’ovocytes (en vue du transfert d’embryons frais et de décongélation) avec le nombre d’accouchements, quel que soit le statut vital des enfants.

Le taux médian d’accouchements issus de transferts d’embryons frais et congelés rapporté au nombre total de ponctions la même année était de 23,3 %.

Avec un intervalle de confiance de 95 %, les auteurs du rapport notent que 23 centres avaient des résultats standardisés supérieurs à la moyenne nationale du taux d’accouchement issus de transferts d’embryons frais ou congelés. Avec un intervalle de confiance de 99 %, il y en avait 17. Par ailleurs, 28 centres avaient des résultats standardisés en-dessous de la moyenne nationale avec un intervalle de confiance de 95 % et 15 avec un intervalle de confiance de 99 %.

La suite du travail de l’ABM consistera à établir les caractéristiques des patients des centres qui ont obtenu les meilleurs résultats, les résultats étant affectés par des variables tels que le nombre d’ovocytes obtenus par ponction et par l’âge des femmes qui s’adressent à ces centres.

En fin d’étude, l’ABM mettra en place une mission d’appui pour analyser les méthodes des centres qui ont de bons résultats et aider ceux dont les résultats sont moins bons.

La rédaction

Source : APM, communiqué de l’Agence de la Biomédecine

Légende photo : PART DES ENFANTS NES APRES AMP EN 2011 SELON LE TYPE D’ASSISTANCE MEDICALE A LA PROCREATION ET L’ORIGINE DES GAMETES (TOTAL : 23 127)

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