Démission de la Commission nationale de l’échographie obstétricale et fœtale

Polémique Biologiste infos PARIS, 28 mars 2013 – Suite au refus de l’Agence de biomédecine (ABM) d’élaborer une base de données permettant l’évaluation du dépistage prénatal de la trisomie 21, la démission collective a été actée par la totalité des membres de la Commission nationale de l’échographie obstétricale et fœtale (CNEOF), commission chargée d’émettre des […]

Par Steven DIAI, publié le 28 mars 2013

Démission de la Commission nationale de l’échographie obstétricale et fœtale

Polémique

Biologiste infos

PARIS, 28 mars 2013 – Suite au refus de l’Agence de biomédecine (ABM) d’élaborer une base de données permettant l’évaluation du dépistage prénatal de la trisomie 21, la démission collective a été actée par la totalité des membres de la Commission nationale de l’échographie obstétricale et fœtale (CNEOF), commission chargée d’émettre des recommandations sur l’échographie de dépistage prénatal.

Le dépistage de la trisomie 21, mis en place en 2010, est effectué avant la 14e semaine d’aménorrhée. Il comporte une étude des marqueurs biologiques de la mère et une échographie visant à mesurer la clarté nucale du fœtus. À partir de ces observations, un facteur de risque est calculé, et l’amniocentèse est proposée lorsque ce risque est élevé (supérieur à 1/250). Cette méthode a permis de réduire de 50 % le nombre d’amniocentèses, évitant ainsi environ 450 fausses couches et diminuant les coûts de santé de 20 millions d’euros tous les ans, des résultats « encourageants » rappelle la CNEOF. Face à une augmentation légère mais inexpliquée du nombre de cas de trisomie 21 en 2012, la Commission aurait souhaité la mise en place d’un complément, visant à évaluer officiellement si la réduction du nombre d’amniocentèses porte préjudice à la fiabilité du dépistage, à l’arrêté du 23 juin 2009 qui fixe les règles de bonnes pratiques en matière de dépistage et de diagnostic prénatals avec utilisation des marqueurs sériques maternels de la trisomie 21.

Malgré les demandes répétées de mise en place d’un arrêté complémentaire de la CNEOF au Ministère de la Santé, à la Direction générale de la santé (DGS) et à l’ABM entre 2010 et 2013, rien n’a été entrepris. C’est pourquoi la CNEOF a marqué son mécontentement en procédant à sa dissolution totale et définitive. « Nous n’avancions plus », résume Jacques Lansac, président démissionnaire de la commission et ex-président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Cette Commission devait être dissoute en juillet 2013 selon le décret n° 2010-766 du 7 juillet 2010 qui l’avait créée. Cependant, le Pr Lansac s’insurge contre le manque d’écoute des administrations et regrette que les prises de position de la CNEOF n’aient eu aucun écho au Parlement. À la suite de la démission collective, la DGS a reçu les membres démissionnaires de la Commission pour travailler à l’élaboration de l’arrêté. Le professeur Lansac déplore qu’il ait fallu « en arriver à ces extrémités » mais espère que cet arrêté verra effectivement le jour. En attendant, les membres de la CNEOF vont continuer à se réunir pour poursuivre leur travail en dehors de leurs fonctions officielles.

Camille Aulas

Crédit photo : © WONG SZE FEI – Fotolia.com

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