Vers un meilleur contrôle du risque de transmission du VIH lors de l'allaitement

CROI 2013 Biologiste infos PARIS, 11 mars 2013 – L’Agence nationale de la recherche contre le sida et les hépatites virales (ANRS) a présenté vendredi un compte-rendu de la 20e conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI 2013), qui s’est déroulée à Atlanta du 3 au 6 mars 2013. Lors de cette conférence, […]

Par Steven DIAI, publié le 11 mars 2013

Vers un meilleur contrôle du risque de transmission du VIH lors de l’allaitement

CROI 2013

Biologiste infos

PARIS, 11 mars 2013 – L’Agence nationale de la recherche contre le sida et les hépatites virales (ANRS) a présenté vendredi un compte-rendu de la 20e conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI 2013), qui s’est déroulée à Atlanta du 3 au 6 mars 2013.

Lors de cette conférence, il a notamment été question du contrôle du risque de transmission du VIH lors de l’allaitement.

“La transmission du VIH par le lait maternel demeure une réalité”, a indiqué le Pr Philippe Van de Perre, co-responsable du site ANRS du Burkina-Faso et Inserm U1058. “On détecte 330 000 nouveaux cas d’infections pédiatriques dans le monde dont 200 000 sont dus à la transmission du VIH par allaitement maternel”. Le lait maternel est en effet constitué de globules blancs de la mère, originaires des muqueuses, susceptibles d’héberger le VIH.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande depuis 2010 l’utilisation d’antirétroviraux pour les mères allaitantes ou pour les enfants allaités. Elle a donc édicté des objectifs pour 2015 : réduire le risque de transmission à moins de 5 %. En 2008, l’estimation de ce risque était de 28 %. Il s’agirait donc de réduire le nombre de nouveaux cas de 330 000 à 33 000 cas

.

La prophylaxie préconisée chez le nouveau-né est l’administration quotidienne de névirapine, un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse. Le risque étant le développement d’une résistance à la névirapine mais également à toutes les molécules appartenant à la même classe thérapeutique.

Deux molécules évaluées

Afin de trouver une alternative à la prescription de névirapine, le Pr Philippe Van de Perre a mis en place une étude ANRS en mai 2009 sur quatre pays : le Burkina-Faso, la Zambie, l’Ouganda et l’Afrique du Sud.

Les 1273 enfants recrutés pour cette étude ont été randomisés en deux bras, deux molécules étant évaluées:

– la lamivudine, inhibiteur nucléosidique de la transcriptase inverse, qui peut également induire une résistance mais celle-ci ne s’étend pas à l’ensemble des molécules de la même classe.

– et l’association lopinavir/ritonavir, inhibiteur de la protéase du VIH qui engendre très peu de résistance.

A partir du 7e jour de vie, les nouveau-nés non infectés par le VIH ont donc reçu soit la lamivudine, soit l’association lopinavir/ritonavir durant 12 mois et une semaine pour le sevrage.

L’étude se terminera officiellement fin avril 2013, mais les premiers résultats sont très encourageants. “Nous ne pouvons pas réaliser d’analyse comparative de l’effet de ces deux molécules pour l’instant”, a déclaré le Pr Van de Perre. “Mais sur les 800 enfants qui ont déjà terminé la période d’essai, nous n’avons constaté que huit transmissions dont six après l’âge de six mois. Le taux de transmission est donc de 0,3 % à six mois et de 1,1 % à un an. C’est le plus bas jamais obtenu en période d’allaitement”, s’est enthousiasmé le professeur.

Quant au taux de survie des nouveau-nés non infectés par le VIH jusqu’à 50 semaines, il s’élève à 96 %.

Pour l’instant, 188 effets indésirables ont été détectés, mais aucun n’a été attribué à l’une ou l’autre des molécules données en traitement à l’enfant.

Vers une modification des recommandations de l’OMS

“L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est majoritairement engagée dans des recommandations de traitement de la mère”, a déclaré le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, “alors même qu’il y avait une absence de résultats scientifiques précis. Nous sommes donc en cours de discussion pour revisiter ces recommandations. C’est un enjeu stratégique”.

E.C.

Crédit photo : © FloFly-Wikimedia Common

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