Une étude pilote pour évaluer plusieurs tests de laboratoire

Afin de mieux comprendre le profil de réponses en anticorps contre le SARS-CoV-2 et la propagation du virus dans la population, une étude pilote* a été réalisée par des chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS, de l’Inserm et d’Université de Paris.

Publié le 27 avril 2020

Une étude pilote pour évaluer plusieurs tests de laboratoire

Quatre tests de détection d’anticorps anti SARS-CoV-2 et deux tests de détection d’anticorps neutralisants ont été développés et évalués. « Ces tests, dits de laboratoire, sont une première étape pour les études épidémiologiques sur COVID-19 » indique l’Institut Pasteur dans un communiqué. Pour établir la sensibilité des tests, et étudier les cinétiques d’apparition des anticorps, les chercheurs ont travaillé sur échantillons de 51 patients positifs au COVID-19 avec des formes sévères ou critiques, provenant de l’hôpital Bichat (Paris). Les échantillons de 209 individus présentant des symptômes légers (fièvre ou toux) prélevés dans le département de l’Oise les 3 et 4 mars 2020, de 200 donneurs de sang de l’Oise, asymptomatiques et prélevés entre le 20 et le 24 mars 2020, ainsi que de 400 individus pré-épidémiques (2017-2019), servant d’échantillons de comparaison ont également été étudiés.  Au total, la séropositivité a été détectée chez 32% des individus ayant présenté des signes légers compatibles avec COVID-19 dans les 15 jours précédant les prélèvements et chez 3 % des personnes asymptomatiques, ayant donné leur sang.  Chez les personnes hospitalisées atteintes de COVID-19. Les anticorps apparaissent dès 5-6 jours après les premiers symptômes et possèdent une activité neutralisante dès 7-14 jours. « Ce délai est probablement plus long chez les personnes pauci-symptomatiques (avec peu de symptômes) ou asymptomatiques (aucun symptôme), et les titres (concentration) d’anticorps plus faibles » précise l’Institut Pasteur.

 

Les équipes de recherche ont conçu quatre tests de laboratoire pour évaluer les niveaux d’anticorps anti-SARS-CoV-2 dans le sérum humain : deux tests ELISA utilisant comme antigènes cibles la protéine N entière du SARS-CoV-2 (ELISA N) ou le domaine extracellulaire du spicule du virus (S) ; un test S-Flow, qui détecte la protéine du spicule du SARS-Cov-2 dans sa conformation naturelle, à la surface de la cellule ; un tests LIPS dit « d’immunoprécipitation », qui détecte les anticorps se fixant sur les protéines N ou S du SARS-Cov-2 ou leurs sous-domaines. Les performances des quatre tests sont satisfaisantes, avec des différences de sensibilité en fonction des tests et des antigènes visés. Deux tests dédiés à la recherche d’anticorps neutralisants dans le sérum des personnes infectées ont également été développés. Un test de neutralisation avec le virus SARS-CoV-2 infectieux, qui nécessite une manipulation en laboratoire P3 et un le test séro-neutralisation appelé Lenti S, avec pseudovirus non infectieux. Ce dernier est « simple et robuste » mais il nécessite un équipement de culture cellulaire et des machines spéciales. « Ces tests servent à détecter la séroprévalence dans des études épidémiologiques et aussi à réaliser des diagnostics individuels. Ils sont également très utiles pour caractériser complètement des panels de sérums lors de l’évaluation des tests commerciaux » soulignent Marc Eloit, Hugo Mouquet, Olivier Schwartz et Sylvie van der Werf, co-auteurs de cette étude.

 

*SARS-CoV-2 serological analysis of COVID-19 hospitalized patients, pauci-symptomatic individuals and blood donors, MedRxiv, 24 avril 2020

 

NBS

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