Les implications de « Ma Santé 2022 » sur l’avenir de la biologie médicale

Le Colloque de Biologie Médicale qui s’est tenu le jeudi 29 novembre dernier à la faculté de pharmacie de Paris V a réuni les principaux acteurs de la profession afin de discuter autour des cinq chantiers de la Stratégie nationale de santé. Synthèse.

Publié le 05 décembre 2018

Les implications de « Ma Santé 2022 » sur l’avenir de la biologie médicale

Les débats et présentations ont évoqué plusieurs évolutions possibles de la profession, autour des cinq grands chantiers de la réforme de santé : la qualité et la pertinence des soins ; les modes de financement et de régulation ; le virage numérique ; la formation et la transformation des métiers de soignants ; l’organisation territoriale des soins.

 

Les profonds bouleversements de la biologie médicale depuis la parution de l’ordonnance du 13 janvier 2010 étaient au centre des débats. La restructuration majeure de la profession, a abouti à une réduction considérable du nombre des structures (5000 laboratoires en 2008 à moins de 900 structures juridiques publiques ou privées aujourd’hui) et pose la question de l’indépendance du biologiste. « Le problème de la biologie médicale est que l’indépendance financière et médicale sont liées. Il est important de repositionner l’indépendance des biologistes à leur seul exercice professionnel » analyse le docteur Jean Canarelli, de l’Ordre National des Médecins. Sur ce point, « Il est nécessaire de réfléchir à une charte d’indépendance de la biologie médicale commune aux deux ordres(médecins et pharmaciens) » propose le docteur Bernard Poggi, Président de la Section G de l’Ordre National des Pharmaciens.

 

Améliorer la coordination entre les professionnels de santé, développer la proximité, et favoriser l’implication des biologistes dans les actions de prévention et de dépistage sont autant de pistes d’amélioration de la qualité et de la pertinence des soins. « Il faut valoriser la biologie médicale personnalisée, prédictive, préventive, de précision, participative, de proximité et de parcours de soin (7P) » résume le docteur Katell Peoc’h, maître de conférences des Universités et praticien hospitalier. Stéphanie Rist, députée insiste quant à elle sur « l’importance de l’adaptabilité des métiers et le rôle du patient, formateur et évaluateur parmi les mesures phares de transformation de notre système de santé ».

 

S’il reste de nombreux points à améliorer, notamment le virage numérique qui n’en est qu’à ses balbutiements, « dans une navigation continuelle entre fantasme et frustration » remarque Dominique Pon, directeur général de la clinique Pasteur de Toulouse et président de Santé-Cité, la France est au contraire très bien placée en ce qui concerne la qualité et l’accréditation. « Même s’il y a beaucoup d’idées reçues sur le processus d’accréditation, la France n’en est pas moins en pointe en Europe sur la qualité en biologie médicale » note le docteur Michel Vaubourdolle, chef de pôle Hôpitaux Universitaires Est Parisien.

 

« Le biologiste s’oriente vers un rôle de clinicien, de consultation et d’expertise » développe le docteur Claude Cohen, président du SNMB (syndicat national des médecins biologistes). Pour que le système fonctionne, le financement doit prendre en compte ce rôle de conseil du biologiste. « Sur le nouveau protocole d’accord avec l’Assurance maladie, l’enjeu sera d’intégrer la prévention et le dépistage »indique le docteur François Blanchecotte, président du SDB (syndicat des biologistes). Ainsi, « pour une meilleure prise en charge des patients, il est nécessaire de développer un financement en partie lié à l’acte médical lui-même, et en partie lié à son interprétation » explique Moïse Michel, président de la FNSIP-BM (Fédération Nationale des Syndicats d’internes en Pharmacie et en Biologie Médicale).

 

« Le biologiste doit devenir un point d’entrée dans le système de soin au même titre que les généralistes et les pharmaciens » ajoute le professeur Claude Dreux, membre des Académies nationales de médecine et de pharmacie. Pour cela, les biologistes doivent être de véritables acteurs de la prévention et être présents au plus près du patient, notamment via le développement de structures de proximité comme les Communautés Professionnelles de Territoire en Santé (CPTS). « Il est nécessaire de préserver un maillage territorial suffisant, d’assurer la présence d’un biologiste par site, et de préserver la possibilité d’effectuer les analyses urgentes dans de bonnes conditions » détaille le professeur François-Xavier Maquart, de l’Académie nationale de médecine. Cela correspond aux aspirations des jeunes biologistes qui « ne souhaitent plus travailler seuls en milieu rural, mais au contraire s’intégrer dans les maisons de santé ou des CPTS avec d’autres professions médicales », comme en témoigne Olivier Grunewald, interne en Biologie médicale.

 

Ce colloque a été organisé par Jean Gérard Gobert, président de la FNSPBHU (Fédération Nationale des Syndicats de Praticiens Biologistes Hospitaliers et Hospitalo-universitaires), Lionel Barrand, président du SJBM (Syndicat des jeunes biologistes médicaux) et Bernard Gouget, Président, Comité de Section Santé Humaine-Cofrac, conseiller Santé publique FHF (Fédération Hospitalière de France).

 

NBS

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