Renforcer les liens entre prescripteurs et biologistes médicaux

Biologie médicale

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Variabilité des résultats, difficultés d’interprétation ou mauvais usage de marqueurs, l’Académie nationale de pharmacie et la Société française de biologie médicale font des propositions pour un dialogue plus étroit entre cliniciens et biologistes, pour une meilleure prise en charge des patients. Exemples.

Par Steven DIAI, publié le 01 juin 2018

Renforcer les liens entre prescripteurs et biologistes médicaux

« Sincèrement, faire un PSA au-delà des 85 ans, sauf cas précis qui n’ont rien à voir avec le cancer de la prostate, cela n’a aucun intérêt », rappelle le Pr François Richard, urologue, chirurgien et membre des Académies nationales de médecine et de chirurgie. Pourtant, 33 % de ces hommes font l’objet de dosages de PSA selon les chiffres de la Cnam. En cause, les communications divergentes entre les sociétés savantes, les associations de malades, les autorités… qui laissent perdus les médecins traitants à l’origine de 88 % des prescriptions. Une meilleure communication avec le biologiste, par une prescription précisant le contexte de l’analyse demandée (premier dosage, suivi post-cancer, etc.) pourrait pourtant éviter ces examens inutiles et les biopsies et traitements qui s’en suivent trop souvent.

Concernant les bilans lipidiques, une ordonnance décrivant les autres facteurs de risque cardiovasculaire du patient aiderait là les biologistes médicaux dans leur interprétation des résultats, conformément aux recommandations de la HAS, revues l’an dernier. Ainsi, le Pr Rémy Couderc, chef de service de biochimie à l’hôpital Trousseau et membre de la SFBM, note que, pour un patient à risque très élevé, l’objectif sera un taux de LDL-cholestérol inférieur ou égal à 0,7 g/L, alors que pour un patient à risque faible, il sera de 1,9 g/L. Une présentation des résultats aux patients en fonction de ces critères plutôt qu’en comparaison avec les valeurs usuelles, et un commentaire rédigé en ce sens donnera une meilleure information aux patients et contribuera à son adhésion au traitement à long terme.

Dernier exemple cité par Liliane Grangeot-Keros : la sérologie de la rubéole. Membre de l’Académie de pharmacie, la virologue et immunologiste alerte sur le fait que des résultats obtenus dans des laboratoires différents ou avec des techniques différentes, ne sont en rien comparables, quand bien même les tests sont calibrés avec le même étalon international. Une telle comparaison de résultats séquentiels obtenus avec des techniques différentes pourrait conduire à une interprétation erronée par le clinicien avec des conséquences pouvant aller jusqu’à l’interruption de grossesse.

Les experts en appellent aussi à une formation commune aux cliniciens et biologistes, apte à améliorer la qualité des soins comme à optimiser les dépenses de santé.

Valérie Devillaine

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