Georges David : un médecin du XXe siècle


L’académie de médecine accueillait mardi 22 novembre une conférence sur la reproduction et l’infertilité. Elle rendait aussi hommage à Georges David, membre de l’académie et grande figure de la médecine de la reproduction, à l’origine, notamment, des Cecos.
 

Par Steven DIAI, publié le 01 décembre 2016

Nathalie Rives, présidente de la Fédération des Cecos (Centre d'étude et de conservation des œufs et du sperme), rappelle que l’assistance médicale à la procréation permet de rassembler et de discuter tous les jours avec les familles. Les 27 Cecos revêtent donc un rôle sociale, scientifique, médical, etc. La Fédération des Cecos existe depuis plus de 40 ans, 300 personnes sont impliquées dans son fonctionnement aujourd’hui, 80 000 couples ont consulté, on compte 14 000 candidats au don, et plus de 60 000 enfants sont nés grâce aux Cecos, ce qui représente 4 % des naissances au niveau national.
Les Cecos sont impliqués dans le Plan cancer car une part de l’infertilité masculine découle directement de cette maladie (cancer des testicules ou lymphome notamment), et travaillent en interaction avec les réseaux régionaux de cancérologie.
Un centre de ressources biologique multisite a été créé, qui porte le nom de Germethèque.
 
Jean-Pierre Siffroi, généticien et spécialiste de la reproduction à l’hôpital Trousseau, a évoqué la procréation génétique et le don de gamètes. L’établissement d’un arbre généalogique (déclaratif) sur trois générations permet d’avoir à disposition un outil pour la découverte de pathologies génétiques qui ne présentent pas toutes la même gravité. De là, trois décisions s’avèrent possibles : l’acceptation ou l’exclusion du donneur, la réalisation d’examens complémentaires, la sollicitation de l’avis de la commission de génétique. Jean-Pierre Siffroi a rappelé que l’on se soucie de la maladie, dans le cadre des dons de sperme, parce qu’il existe un réel risque pour le couple recevant qui utilise les gamètes d’une tierce personne : quand on trouve un enfant touché, les autres issus du même don sont déjà nés ou en cours.
 
Patricia Fauque, de l’Institut Curie, a présenté ses recherches sur l’épigénétique et l’assistance médicale à la procréation. Les manipulations au cours de l’AMP pourraient expliquer pourquoi on rencontre 12 % de plus de maladies dans les naissances suivant une AMP. Elle constate, cependant, qu’un « correction » a lieu lors de la reprogrammation épigénétique. Patricia Fauque appelle de ses vœux la menée d’études à court et long terme sur la santé des enfants issus d’AMP. Pour cela, un registre national doit être créé, la transparence sur la composition des milieux de culture doit être totale (ce qui n’est actuellement pas le cas, et n’a pas manqué, lors des questions, de surprendre les membres de l’Académie), une évaluation indépendante des résultats post-AMM doit être effectuée, ainsi que des tests chez l’animal avant même les AMM.
 
Enfin, un film documentaire a été projeté : « Georges David, un médecin du XXe siècle ». À l’origine des Cecos, créés en 1973, Georges David se destinait à être médecin généraliste de campagne. Après avoir travaillé auprès des nouveaux-nés (il invente des méthodes de soin pour traiter la maladie hémolythique du nouveau-né, comme l’exsanguino-transfusion, et des cas graves d’anasarque). Plus tard, touché par la détresse des hommes qui ne peuvent pas procréer, il applique les même techniques que celles appliquées au don du sang (anonymat, gratuité notamment) au don du sperme, ainsi qu’un accompagnement psychologique et une évaluation performante médicalement.
Pour Pierre Jouannet, lui aussi membre de l’Académie de médecine : « Georges David permet de comprendre comment un homme peut représenter l’évolution de la médecine des cinquante dernières années. »
Bernard Jegou, directeur de recherches à l’EHESP, résume la carrière de Georges David, à la fin du fim : « Vous avez commencé avec le don du sang, qui permet à quelqu’un de vivant de ne pas mourir, et vous avez continué avec le don du sperme, qui permet de naître à quelqu’un qui n’est pas encore en vie. » À 93 ans, Georges David réfléchit quelques instants, sourit, et acquiesce. La formule lui convient, il l’approuve d’un regard généreux et d’un sourire malicieux.

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