Du sel de table pour diagnostiquer le paludisme

Epidémiologie

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Au Centre Pasteur du Cameroun, le groupe de recherche international à 4 ans (G4) sur le paludisme créé en 2013 a développé un test de diagnostic qui fonctionne grâce à du sel ordinaire. Le Dr Lawrence Ayong, chef du groupe explique la mise en place de cet outil innovant fonctionne ainsi que son ambitieux programme de recherche sur le paludisme.

Par Steven DIAI, publié le 21 octobre 2016

Du sel de table pour diagnostiquer le paludisme

Si beaucoup d’efforts ont été entrepris dans la lutte contre le paludisme au Cameroun, l’infection demeure hautement prévalente dans chacune des dix régions du pays. « Elle est responsable de plus de 40 % de toutes les consultations médicales et 40 % des décès chez les enfants de moins de cinq ans », indique le Dr Ayong, qui poursuit : « Nous estimons que 60 à 80 % de tous les habitants sont des porteurs sains du parasite du paludisme, constituant ainsi un important réservoir de l’infection. »

Quelle stratégie adopter alors afin de s’attaquer aux réservoirs de paludisme ?

Un test de diagnostic très innovant

« Nous avons récemment mis au point un test de diagnostic moléculaire utilisable partout même dans des endroits sans électricité. Il repose simplement sur l’utilisation d’un dispositif de chauffage portatif dans lequel l’énergie thermique est générée grâce à une réaction chimique entre du sel ordinaire et un alliage métallique très peu coûteux. » Ce test n’a besoin que d’une faible quantité de sang pour fonctionner et semble être plus sensible que les tests couramment disponibles pour le paludisme. « Il nous reste encore beaucoup d’étapes avant la commercialisation de ce nouvel outil et nous continuons à travailler pour le rendre encore plus simple »,explique le Dr Ayong.

Le Dr Ayong est né et a grandi au Cameroun. Il a ensuite travaillé longtemps à l’étranger avant de revenir dans son pays d’origine grâce au programme de soutien original lancé par l’Institut Pasteur, appelé G4. Avant que je ne revienne, il n’y avait pas de programme actif de recherche sur le paludisme au Centre Pasteur du Cameroun. Depuis, nous avons établi un laboratoire fonctionnel et nous avons développé des programmes de recherche innovants sur le paludisme dans de nombreux domaines comme l’immunologie, l’épidémiologie moléculaire, la résistance aux antipaludéens ou la découverte de nouveaux traitements. Le Conseil d’administration du Centre Pasteur du Cameroun a même récemment décidé de créer un service entier dédié à la recherche sur le paludisme ce qui constitue pour mon équipe et moi-même un immense encouragement à poursuivre nos efforts », se félicite le Dr Ayong.

Ses recherches sont également fortement orientées sur la découverte de traitements ou d’un vaccin ainsi que sur l’étude des facteurs de risques associés à la sévérité du paludisme au Cameroun. « Nous avons développé un réseau de collaborations que nous continuons à étendre, y compris avec le “Program for Appropriate Technologies in Health” ou l’école de médecine de l’université d’Emory aux Etats-Unis, grâce auxquels nous espérons accélérer l’atteinte de nos objectifs recherche. »

La rédaction

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