Cancers professionnels hors amiante : + 10,33 %

Cancérologie

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Les cancers professionnels hors amiante seraient en hausse, selon le bilan annuel de l’assurance maladie relayé par Force Ouvrière (FO).

Par Steven DIAI, publié le 01 décembre 2015

Cancers professionnels hors amiante : + 10,33 %

Si l’on excepte les cas liés à l’amiante (plusieurs milliers de décès par an), les cancers d’origine professionnelle ont connu une augmentation de 10,33 % en 2014, selon le bilan annuel de l’Assurance-maladie présenté le 12 novembre.

Ce sont dans 45 % des cas des cancers de la vessie et des cancers liés aux poussières de bois, comme des cancers de la face, dans 25 % des cas. Principalement incriminés : « les amines aromatiques et hydrocarbures aromatiques polycycliques qu’on retrouve dans les teintures et colorants, mais aussi dans les synthèses de médicaments ou de pesticides et dans l’industrie plastique et du caoutchouc », selon l’Assurance-maladie.

En France, 10 % des salariés (soit 2,2 millions de personnes) sont exposés quotidiennement à au moins un produit chimique cancérigène. Les plus vulnérables étant les ouvriers, les jeunes et les travailleurs précaires. « Toute exposition à un agent cancérigène peut jouer un rôle dans l’initiation ou le développement d’un cancer », précise Annie Thébaud-Mony, directrice du Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers d’origine professionnelle (Giscop 93) sur le site de FO.

En Europe, les cancers professionnels sont la première cause de mortalité due au travail. Ces pathologies, qualifiés de « risques émergents » par l’Assurance-maladie, apparaissent « longtemps après l’exposition à un agent cancérogène : 10, 20 voire 40 ans après, donc généralement après cessation de l’activité professionnelle ». Comme la maladie peut se déclencher des années après l’exposition à la substance cancérigène, cela rend l’établissement du lien entre cancer et travail très difficile. Laurent Vogel, de l’Institut syndical européen, indique que « les estimations font état d’environ 5 % de cancers ayant une origine professionnelle, mais ces chiffres sont en deçà de la réalité ». D’autant plus qu’il est très rare que les médecins demandent à un patient atteint d’un cancer de retracer son parcours professionnel. « La pratique dominante c’est de considérer, à tort, qu’à partir du moment où il y a un risque personnel (comme le fait de fumer), c’est celui-ci qui l’emporte sur le risque professionnel », souligne Annie Thébaud-Mony sur le site de FO.

Absence de reconnaissance et de visibilité

Autre problème et pas des moindres : l’absence de reconnaissance de la poly-exposition par les tableaux de la Sécurité sociale. Les effets synergiques des cancérigènes sont pourtant reconnus comme un facteur aggravant dans le développement de la maladie. « Le cancer professionnel type, pour les services de santé publique en général, c’est le mésothéliome, dû à l’amiante, explique Laurent Vogel. C’est monocausal et simple. Dès que cela se complique au niveau des causes potentielles, c’est aussi compliqué pour la reconnaissance comme maladie professionnelle. »

Dernier facteur d’invisibilité pour les cancers professionnels : le phénomène, massif, de sous-déclaration. Selon certains chercheurs du Giscop, au moins un cas sur deux ne serait pas reconnu. Ce qui prive de leurs droits les victimes ou leurs ayants droit et pèse sur la branche maladie de la Sécurité sociale, soulageant par là-même la branche AT-MP (accidents du travail et maladies professionnelles).

La rédaction

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