Mobilisation sans précédent des hospitaliers après les attaques terroristes

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Les hôpitaux d’Ile-de-France et les professionnels de santé ont fait preuve d’une mobilisation sans précédent au cours du week-end, à la suite des six attentats qui se sont déroulés dans la capitale et à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) dans la nuit de vendredi à samedi.

Par Steven DIAI, publié le 16 novembre 2015

Mobilisation sans précédent des hospitaliers après les attaques terroristes

Des attaques menées par des hommes armés ou munis d’explosifs ont eu lieu aux abords du stade de France à Saint-Denis au moment où se déroulait un match de football entre la France et l’Allemagne, ainsi que dans le Xème et le XIème arrondissements de Paris devant des restaurants et au sein du Bataclan.

Après avoir qualifié « d’horreur » de tels événements, François Hollande a fait état samedi matin de « 127 morts et de nombreux blessés ». Le bilan a été revu à la hausse dans la soirée pour atteindre 129 morts et 352 blessés.

François Hollande a, face à cette situation, décrété l’état d’urgence ainsi qu’un deuil national de trois jours (dimanche, lundi et mardi) et une minute de silence lundi à midi. Le chef de l’Etat a également annoncé la convocation du Parlement en congrès à Versailles lundi.

Il s’est lui-même rendu samedi à l’hôpital Saint-Antoine (Paris XIIème arrondissement) accompagné de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, Marisol Touraine, et du directeur général de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch.

L’AP-HP a déclenché un plan blanc vendredi dès 22h30. Les personnels de ses services, en particulier des Samu, des services d’urgences, de chirurgie et de réanimation se sont mobilisés de manière « immédiate et constante », a-t-elle souligné dans un communiqué samedi.

Dans un communiqué diffusé dimanche, faisant le point sur la situation à 17 heures, l’AP-HP a indiqué que ses hôpitaux avaient pris en charge 415 personnes depuis vendredi soir. Samedi à 13h, leur nombre était de 300.

La centaine de personnes supplémentaires accueillies entre samedi et dimanche « sont pour la plupart des ‘personnes impliquées’ -c’est-à-dire en état de choc psychologique- et qui se sont présentées spontanément », a expliqué l’AP-HP.

Elle a aussi précisé que sur les 80 blessés admis vendredi en situation d’urgence absolue, 35 ne relevaient plus d’une surveillance intensive en service de réanimation, 42 étaient toujours en service de réanimation et trois étaient décédés.

Samedi, l’institution a mis en place un numéro de téléphone pour les personnes qui souhaitaient des informations sur l’identité des victimes éventuellement hospitalisées dans ses établissements.

« En état de choc, la majorité des personnes sont atteintes de traumatismes divers et parfois multiples qui pourront nécessiter une prise en charge médicale dans la durée », a souligné l’AP-HP dans un communiqué samedi. Elle a toutefois précisé qu’elle disposait « des capacités nécessaires » pour cela.

Les victimes qui étaient en urgence absolue ont été accueillies dans 10 hôpitaux dont Saint-Louis (Xème arrondissement), Pitié-Salpêtrière (XIIIème), Hôpital européen Georges Pompidou (HEGP) (XVème), Lariboisière (Xème), Saint-Antoine (XIIème), Henri-Mondor (Créteil) et Beaujon (Clichy).

Les hôpitaux Pitié-Salpêtrière et Saint-Antoine qui ont des services de chirurgie orthopédique importants sont ceux qui sont les plus équipés pour prendre en charge des blessures par balles, a précisé le président de la Commission médicale d’établissement (CME) de l’AP-HP, le Pr Loïc Capron, joint par l’APM samedi. Il a aussi évoqué un « gros afflux de traumatismes psychiques » à l’Hôtel-Dieu. Malgré la « stupeur » et la « consternation » provoquées par les attentats, la prise en charge des blessés s’est « parfaitement déroulée », assure Loïc Capron. Aucun manque de places n’a été constaté en dépit du grand nombre de victimes. Des hôpitaux de semaine ont été rouverts, précise-t-il.

Le chef du service des urgences de l’HEGP, Pr Philippe Juvin, a indiqué à l’APM qu’une cinquantaine de blessés avaient été conduits dans son établissement dont un quart dans un état grave, nécessitant d’être transférés en réanimation et dans des blocs opératoires.

« Des membres du personnel ont été rappelés [dans le cadre du plan blanc] mais d’autres qui ne travaillaient pas vendredi sont venus spontanément », a-t-il relaté.

D’autres professionnels de santé ont aussi rejoint l’HEGP, notamment des internes, des médecins généralistes ainsi que des médecins de province qui étaient en vacances à Paris, a-t-il également souligné avouant que c’est « la première fois » qu’il voit un tel afflux de blessés et une telle mobilisation.

Samedi après-midi, des blessés continuaient d’être soignés et certains attendaient d’être opérés mais la situation était plus calme que la veille au soir.

Dans les services d’urgence de la Pitié-Salpêtrière, la situation médicale était samedi « totalement maîtrisée », selon son chef de service, cité par le quotidien Libération. « On a assisté durant toute la nuit à une solidarité que je n’avais jamais imaginée », a dit Bruno Riou. Il n’y avait plus que quatre blocs opératoires (sur les quinze) qui étaient en action, preuve selon lui, que la prise en charge chirurgicale avait pu être menée dans de bonnes conditions.

Un exercice « fusillade sur sites multiples » réalisé avant le drame

De son côté, dans un entretien au Journal du dimanche (JDD), le chef du Samu de Paris, Pierre Carli, a relaté que « quelques heures avant le drame », le Samu avait réalisé « une sorte de répétition générale ». « Le scénario dramatique de vendredi soir faisait partie des hypothèses que nous avions travaillées », souligne-t-il. L’exercice qui a été réalisé à cette occasion est baptisé « fusillade sur sites multiples ». Il avait été planifié avec la brigade des sapeurs-pompiers et les huit Samu d’Ile-de-France.

Ce plan repose sur « une technique de soin particulière que les Anglo-Saxons appellent ‘damage control’», explique Pierre Carli.

Il repose sur « deux principes » : la mise en place, dès l’arrivée du Samu, d’une réanimation adaptée aux blessures par balles; et deuxièmement, la mise en oeuvre d’une organisation « fluide et rapide » pour transférer en priorité les cas les plus graves vers les blocs opératoires « pour les sauver de la mort par hémorragie ».

Ce plan prévoit aussi « un redéploiement permanent de l’équipe médicale, afin d’éviter que tous les médecins soient au même endroit et que des blessés n’aient personne pour les soigner, ajoute-t-il. »

Sur les 100 équipes de secours disponibles, 60 ont été utilisées vendredi soir, indique aussi Pierre Carli.

Un afflux de donneurs de sang

De nombreux Franciliens sont également venus samedi donner spontanément leur sang, saturant toutefois rapidement les points de collecte d’Ile-de-France.

Face à cette situation, l’Etablissement français du sang (EFS) a indiqué samedi dans un communiqué que le niveau « satisfaisant » des réserves en produits sanguins avait permis de faire face aux besoins des hôpitaux.L’AP-HP a fait de même, assurant que les ressources en sang étaient « suffisantes ».

Une porte-parole de l’EFS a assuré qu’il n’y avait pas d’urgence aujourd’hui mais a prévenu que la mobilisation devait se faire dans la durée, afin que les besoins en produits sanguins continuent à être satisfaits.

« La mobilisation a été conséquente. Les équipes doivent à présent gérer l’afflux de personnes voulant donner leur sang », a-t-elle ajouté.

Il est d’autant plus important de juguler cet afflux soudain que les produits sanguins ont une courte durée de vie (42 jours pour les globules rouges et cinq jours pour les plaquettes) et qu’un délai de huit jours est nécessaire entre deux dons faits par une même personne, note-t-on.

« Ce matin, 19 centres ont ouvert et les 19 sont débordés par l’afflux de Parisiens et de touristes venus spontanément donner leur sang », a dit sur RTL Djamel Benomar, directeur de la collecte du sang à l’EFS Ile-de-France.

Sur les réseaux sociaux, où un appel au don a été lancé via le hashtag #dondusang, plusieurs internautes ont mis en ligne des photos montrant de longues files d’attente devant les points de collecte, notamment au centre La Trinité à Paris (IXème arrondissement).

Quelque 10 000 dons sont nécessaires par jour. Tous les groupes sanguins sont recherchés. L’EFS rappelle sur son site internet les conditions à remplir pour donner son sang et la localisation des points de collecte.

La rédaction avec l’APM et l’Essentiel de l’Anesthésie-Réanimation

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