Chasse : attention à la tularémie

Biologiste infos

L'ouverture de la chasse, cette année, a provoqué une alerte sanitaire nationale. Les chasseurs sont en première ligne cette année face à une maladie infectieuse transmise par certains animaux : la tularémie.

Par Steven DIAI, publié le 06 novembre 2015

Chasse : attention à la tularémie

Le nombre de cas a augmenté ces derniers mois – les régions les plus touchées étant le grand ouest, la Picardie et la Champagne-Ardenne. Les autorités de santé invitent donc d’abord les chasseurs, mais aussi les promeneurs, à prendre des précautions.

Quentin, un jeune chasseur de 25 ans, a contracté cette maladie lors d’une partie de chasse. Dans une interview à Francetv info, il raconte : « Je n’arrivais pas à marcher, j’étais fatigué toute la journée, j’avais de la fièvre… J’ai perdu six kilos… Et puis j’ai eu un ganglion sous le bras droit, ça a gonflé et j’ai fini par aller voir mon médecin. »

Son médecin traitant pense d’abord à la grippe mais la température du jeune homme se maintient deux semaines à 41 degrés. Orienté vers le CHU de Reims, les médecins détectent la tularémie. Une maladie infectieuse qui passe facilement du lièvre à l’homme lors de la chasse. « Le chasseur va se blesser avec son couteau en dépeçant l’animal, un autre va manipuler un cadavre d’animal en ayant une petite plaie sur la peau. La bactérie Francisella tularensis va alors en profiter pour entrer dans l’organisme et donner cette forme classique de la tularémie : une atteinte cutanée qui reste inaperçue, suivie d’un ganglion satellite », décrit le Dr Violaine Laurant-Noël, spécialiste en médecine interne au service des maladies infectieuses du CHU de Reims. A côté de cette contamination courante, c’est aussi dans l’assiette que le lièvre peut transmettre la bactérie, car elle résiste à la congélation et à une cuisson trop courte.

Un diagnostic rapide pour un antibiotique spécifique

Plus le diagnostic est rapide et plus les biologistes peuvent orienter les cliniciens vers un antibiotique spécifique car la bactérie résiste à la pénicilline. Un dispositif d’alerte nationale et locale, auprès de l’Agence régionale de santé, est également déclaré. « Si on déclare les contaminations assez vite, l’ARS mène une enquête autour du cas pour qu’il y ait des mesures de prévention et d’information auprès des chasseurs », rappelle à Francetv info, le Pr Christophe De Champs, directeur du Laboratoire de bactériologie au CHU de Reims.

Les chasseurs de Champagne-Ardenne ont ainsi été sensibilisés cette année car plus de 10 % des cas de tularémie recensés en 2015 étaient dans la région. Les cadavres d’animaux douteux peuvent être acheminés vers un laboratoire spécialisé en faune sauvage. En cas de tularémie, le niveau d’alerte local est renforcé. La bactérie est contenue dans les déjections d’animaux contaminés et peut survivre des mois sur une feuille. Il faut aussi redoubler de vigilance face aux tiques qui peuvent la transmettre. L’homme et les chiens sont alors en première ligne.

La rédaction avec Francetv info