Le père d’un nourrisson décédé dénonce l’absence de dépistage du CMV en France

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En quelques jours, un message posté sur la page Facebook du père d’un nourrisson décédé des suites d’une infection par le cytomégalovirus a été partagé plus de 182 000 fois. Le fils de Yann Champion, Aubin, est décédé en 2010, à l’âge de cinq semaines. Au moment du diagnostic, ses parents n’avaient jamais entendu parler de ce virus pouvant causer de graves atteintes sensorielles et neurologiques chez le fœtus lorsque la mère est infectée pendant la grossesse, comme la surdité et une malformation du cerveau.

Par Steven DIAI, publié le 01 juillet 2015

Le père d’un nourrisson décédé dénonce l’absence de dépistage du CMV en France

La contamination par le cytomégalovirus a principalement lieu lors de la petite enfance et à l’adolescence. Environ 50% des adultes sont porteurs, le plus souvent asymptomatiques. En revanche, l’infection d’une femme enceinte au CMV peut avoir de lourdes conséquences sur le fœtus. Le Dr Sophie Alain, virologue et coordinatrice du Centre national de référence du CMV, interrogée par le Figaro, précise que « lorsqu’une mère est infectée avant sa grossesse, le risque de transmettre le virus à son enfant est très faible (1%), puisque le système immunitaire est prêt à le contenir. Mais si le virus s’installe chez une femme alors qu’elle est enceinte, il y a 30 à 50% de risque pour qu’il parvienne à traverser la barrière placentaire ».

Le journal relève qu’« un rapport datant de 2002 rédigé par le Collège National Français des gynécologues et obstétriciens rapporte qu’un enfant sur 100 serait infecté par ce virus à la naissance, ce qui représente environ 7.500 naissances par an. Mais […] le rapport indique que 90% de ces nouveau-nés sont parfaitement sains ». Il s’agit de l’infection fœtale congénitale la plus fréquente dans les pays industrialisés.

Cinq ans après le décès de son fils, Yann Champion s’interroge à l’occasion du mois de la sensibilisation au CMV, sur l’absence de dépistage systématique de ce virus en France, à la différence d’autres états comme la Belgique, et sur le manque d’informations transmises aux futurs parents sur les moyens de s’en prémunir. L’accent est en effet rarement mis sur ce risque lors des consultations prénatales, même si les documents remis aux mères l’évoquent fréquemment, comparativement à la prévention de la toxoplasmose. Les femmes enceintes les plus à risque sont celles déjà mères d’un ou plusieurs autres enfants, surtout s’ils sont gardés en crèche où le risque de contamination est élevé, ou celles travaillant avec de jeunes enfants. Quelques mesures simples d’hygiène permettent néanmoins de se prémunir.

La performance variable du test, due à l’appartenance du CMV à un groupe de virus qui se ressemblent d’où de fréquents faux positifs et donc une sérologie d’interprétation délicate, l’absence de vaccin et de traitement prénatal validés ont conduit les autorités à ne pas recommander ce dépistage, qui paraît cependant utile aux yeux d’un nombre non négligeable de professionnels. Dans une édition du Bulletin épidémiologique hebdomadaire consacrée aux dépistages prénataux et néonataux publiée en mai, il apparaissait qu’en 2010 24,6 % des femmes enceintes avaient bénéficié d’un dépistage du CMV. La recherche du cytomégalovirus n’est effectuée la plupart du temps qu’en cas d’anomalie détectée à l’échographie. Pour le moment, la seule réponse proposée est l’interruption volontaire de grossesse, alors même que la présence du virus ne signifie pas obligatoirement la survenue de symptômes.

La rédaction