Proposition d’un dépistage actif du cancer bronchique chez les salariés fortement exposés à l’amiante

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Il existe en France des programmes organisés de dépistage actif et systématique en population générale des cancers du sein, du colon et du col de l’utérus. Le Dr Alain Chamoux de l'Institut de médecine du travail de Clermont-Ferrand évoque la possibilité d'un programme de dépistage annuel des cancers bronchopulmonaires chez les personnes exposées à l'amiante.

Par Steven DIAI, publié le 19 février 2015

Proposition d’un dépistage actif du cancer bronchique chez les salariés fortement exposés à l’amiante

Les cancers professionnels ne bénéficient pas de dispositif de dépistage mais d’un suivi médical dit post-professionnel laissé à l’initiative des anciens salariés.

Le Dr Chamoux rapporte l’expérience d’un suivi organisé en collaboration avec les associations de « victimes » et l’assurance maladie. Le suivi à long terme avec une périodicité de deux ans de 324 salariés directement et fortement exposés à l’amiante confirme le risque élevé de survenue de cancer broncho-pulmonaire, de mésothéliome et d’asbestose avec pour cette dernière une évolution qui peut être rapide. La découverte précoce de trois cancers bronchopulmonaires pose la question de l’intérêt pour le patient d’un dépistage systématique annuel ou biannuel. Alors que les nouvelles techniques d’imagerie médicale permettent de réduire d’un facteur 8 l’irradiation sans altérer notablement la capacité diagnostique, le bénéfice médical apporté par la surveillance annuelle par scanner chez les grands fumeurs est en faveur d’un programme de détection précoce des cancers broncho-pulmonaires.

Selon Le Dr Chamoux, il convient de mieux définir la population cible susceptible de prétendre à un tel dépistage (fumeur actif, ancien fumeur, porteur de plaques pleurales). Les découvertes fortuites de plus en plus fréquentes d’affections pulmonaires ou d’anomalies pleurales en dehors des populations identifiées à risque sont également à prendre en considération. C’est pourquoi les modalités de dépistage pour les salariés confrontés à des expositions indirectes ou discontinues devraient être réévaluées (un seul examen tomodensitométrique à l’âge de 60 ans ou lors du départ à la retraite pour toutes les professions concernées). Sur ces données, il paraît indispensable de réviser les recommandations HAS 2010 de surveillance post-professionnelle des salariés exposés à l’amiante et notamment s’ils présentent des plaques pleurales. La mise en place d’un dispositif organisé paraît tout-à-fait justifiée.

D’après un communiqué de l’Académie de Médecine sur la présentation du Dr Alain CHAMOUX (Clermont Université, Université Clermont 1, UFR Médecine, Institut de Médecine du travail – Service Santé Travail Environnement, Clermont-Ferrand)

La rédaction

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