Des cellules sentinelles du cancer du poumon détectées biologiquement plusieurs années avant le diagnostic par imagerie

Dépistage précoce

Biologiste infos

Une équipe de chercheurs de l'Inserm dirigée par Paul Hofman, (Unité Inserm 1081/Université de Nice), vient d’effectuer une avancée significative dans le domaine du diagnostic précoce des cancers invasifs. L’étude a été publiée dans la revue Plos One.

Par Steven DIAI, publié le 03 novembre 2014

Des cellules sentinelles du cancer du poumon détectées biologiquement plusieurs années avant le diagnostic par imagerie

Le cancer du poumon est un cancer parmi les plus meurtriers. Selon l’American Cancer Society (ACS), la survie de ces patients à un an est de 44 % et à 5 ans elle est de seulement 16 %. Seulement 15 % de ces cancers sont actuellement diagnostiqués à un stade de maladie localisée.

L’équipe de Paul Hofman a montré qu’il était possible de détecter des signes précoces de cancer sous forme de cellules cancéreuses circulantes, chez des patients à risque de développer un cancer du poumon, plusieurs mois à plusieurs années avant que le cancer ne devienne détectable par scanner. Cette alerte pourrait jouer un rôle clé dans la précocité de l’intervention chirurgicale, permettant ainsi de viser l’éradication précoce de la localisation primitive du cancer.

Des études menées chez l’animal ont permis de montrer que les tumeurs invasives diffusent dans le sang des cellules cancéreuses depuis les toutes premières étapes de leur formation. La possibilité d’identifier ces cellules « sentinelles », avant même que les tumeurs ne soient détectables par un examen d’imagerie, est considérée comme un atout majeur dans le dépistage du cancer.

Cependant, les cellules cancéreuses circulantes sont extrêmement rares dans le sang, très hétérogènes et fragiles, et difficiles à extraire sans biais ni perte. L’équipe de chercheurs dirigée par Paul Hofman a utilisé le test sanguin ISET ((Isolation by SizE of Tumor cells) développé par la société française Rarecells Diagnostics, afin d’isoler tous les types de cellules tumorales du sang, sans perte et en les laissant intactes.

L’équipe a étudié un groupe de 245 personnes sans cancer, dont 168 patients atteints de bronchopathie chronique obstructive (BPCO), donc plus à risque de développer ce type de cancer. Tous les participants ont subi le test sanguin et les examens classiques d’imagerie. Via le test sanguin, des cellules cancéreuses circulantes ont été identifiées chez 5 patients (3 %), alors que l’imagerie ne révélait aucun nodule au niveau pulmonaire.

Chez ces 5 patients, un nodule est devenu détectable, de 1 à 4 ans après la détection des cellules cancéreuses circulantes par le test sanguin. Les patients concernés ont été immédiatement opérés et l’analyse effectuée sur le nodule a confirmé le diagnostic de cancer du poumon. Le suivi d’un an minimum après chirurgie n’a montré aucun signe de récidive chez ces 5 patients, laissant espérer que le cancer avait été éradiqué. En parallèle, aucun nodule n’a été détecté dans le suivi des sujets sans cellule cancéreuse circulante et aucune cellule cancéreuse n’a été détectée dans le sang des sujets « contrôle » sans BPCO.

La détection de ces cellules circulantes via ce test sanguin pourrait jouer un rôle clé dans la précocité de l’intervention chirurgicale, permettant ainsi de viser l’éradication précoce de la localisation primitive du cancer.

Sources : “Sentinel” Circulating Tumor Cells allow early diagnosis of lung cancer in patients with chronic obstructive pulmonary disease

La rédaction

Dans la même rubrique
  • Actualités
  • DIV - diagnostics in vitro
  • Economie
  • La vie du réseau
  • Recherche
Geoffroy Poulet, fondateur et DG, Amine Mohammadi COO, Yoan Velut, CTO
  • Actualités
  • Economie
  • Prévention et dépistage