Dépister le CMV dès la naissance ?

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Une étude britannique a testé la faisabilitédu dépistage néonatal des infections congénitalesà cytomégalovirus en cas de dépistage auditifanormal. Elle suggère que l’examen est simpleà mettre en place et efficace. Explications.

Par Steven DIAI, publié le 17 septembre 2014

Dépister le CMV dès la naissance ?

Les infections congénitales à cytomégalovirus(CMV) sont la première cause non génétiquede surdité néonatale. En France, leurprévalence serait de 8 % dans les surditésbilatérales de l’enfant de moins de trois ans,cette proportion atteignant même 15,4 % encas de surdité bilatérale profonde. On sait égalementque l’infection est 9 fois sur 10 asymptomatique à lanaissance, alors que la proportion d’enfants qui développerontplus tard une atteinte auditive est évaluée,selon les études, de 6 à 23 %.

Dans ce contexte, une équipe de pédiatres britanniquesa évalué la faisabilité et l’acceptabilité d’un dépistagesystématique de l’infection à CMV chez tousles enfants adressés pour contrôle après un dépistageauditif néonatal anormal.

Un examen simple, efficace…

L’étude a été menée dans des centres anglais deLondres et du Nord-Est du pays. Tous les enfants ayanteu des réponses anormales au dépistage systématiqueont été inclus. Le protocole prévoyait que des prélèvementssalivaires et urinaires pour recherche du CMVpar PCR soient réalisés avant trois semaines de vie,avec un examen clinique dans le premier mois en casde positivité. Supposant que ces investigations pouvaientêtre source d’inquiétude pour les parents, leschercheurs ont systématiquement évalué le score d’anxiétématernelle lors du recrutement et à trois mois. Ilsse sont pour cela basés sur les réponses des mères auquestionnaire d’anxiété de Spielberger simplifié.

Des examens biologiques contributifs ont été obtenuschez 98 % des enfants recrutés (404 sur 411). Six casd’infection congénitale à CMV ont ainsi été identifiés,tous par PCR sur échantillon salivaire. Dans cetteétude, la prévalence de l’infection à CMV chez lesenfants ayant un dépistage auditif néonatal anormalétait donc de 1,5 % (IC95 % : 0,6-3,2 %).

En termes de faisabilité du dépistage, ce travail montrela difficulté d’obtenir des échantillons urinaires dans uncontexte de dépistage systématique : il n’avaient étérecueillis que dans 50 % des cas, contre 99 % pour lesécouvillons salivaires. En revanche, les prélèvementssalivaires semblent être une méthode simple et efficacepuisque dans tous les cas de dépistage positif,le résultat a été disponible dans le délai prévu par leprotocole.

… et peu anxiogène pour les mères

L’acceptabilité de ce dépistage par les mères a étéjugée bonne, la méthode n’augmentant pas le scored’anxiété. Au final, 89 % des mères interrogées sesont dites heureuses que leur enfant ait été dépistépour le CMV et elles sont 97 % à juger qu’une généralisationà l’ensemble des enfants identifiés par ledépistage néonatal de la surdité serait une « unebonne idée ».

L’avis des investigateurs de l’étude va dans le mêmesens, puisqu’ils concluent qu’il est faisable et acceptabled’inclure le dépistage salivaire de l’infectioncongénitale à CMV dans les protocoles de dépistagenéonatal systématique de la surdité.

Mais quelle devra être la prise en charge des enfantsainsi identifiés ? L’administration précoce d’antiviraux,type ganciclovir ou valganciclovir, serait envisageable,bien que le rapport bénéfice/risque de ces moléculesdans un tel contexte ne soit pas clairement établi. Deséquipes, notamment en France à l’hôpital Necker-Enfants malades, travaillent sur le sujet. Une affaireà suivre donc, du moins tant que les difficultés de lamise au point d’un vaccin anti-CMV efficace n’ont pasété surmontées.

La rédaction