Le dépistage systématique du risque cardiovasculaire est peu efficace au niveau de la population

Politique de dépistage

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Une étude danoise récemment publiée en juin dans le British Medical Journal évalue l’efficacité du dépistage et de la prévention dans les cardiopathies ischémiques.

Par Steven DIAI, publié le 02 juillet 2014

Le dépistage systématique du risque cardiovasculaire est peu efficace au niveau de la population

Si au niveau individuel, le dépistage du risque cardiovasculaire et la correction des facteurs de risque de cardiopathie ischémique semblent avoir un effet bénéfique, les études menées à l’échelle d’une population ne parviennent pas à le prouver.

Menée sur près de 60 000 individus randomisés en deux groupes, l’étude visait à évaluer l’impact du dépistage et de la prise en charge des facteurs de risque sur l’incidence des cardiopathies ischémiques. Les personnes du premier groupe (n = 11 629) étaient dépistés pour les facteurs de risque de cardiopathie ischémique et des conseils leur étaient prodigués, jusqu’à 4 fois en cinq ans. Les patients ayant une hygiène de vie peu conforme aux recommandations recevaient à chaque visite des conseils pour modifier leurs habitudes. Ceux qui étaient à haut risque cardiovasculaire recevaient en plus six cessions de groupe portant sur l’arrêt du tabac, la diététique et l’activité physique. Si un traitement médicamenteux était nécessaire, les patients étaient adressés à leur médecin généraliste.

L’autre groupe (n= 47 987) n’entrait dans aucun plan de dépistage particulier et bénéficiait de l’accès habituel aux professionnels de santé. Le suivi durait une dizaine d’années.

Aucune différence significative n’a été décelée entre les deux groupes en ce qui concerne la survenue d’une cardiopathie ischémique dans les 10 ans suivant le début de l’étude (Hazard Ratio [HR] 1,03 ; intervalle de confiance à 95 % : 0,87 à 1,13). L’examen des autres critères ne donne pas plus de satisfaction, puisqu’il n’est pas constaté non plus d’effet du dépistage et du conseil sur le risque d’accident vasculaire cérébral ou sur la mortalité.

La prévention et le conseil font partie de la pratique quotidienne des praticiens. Mais cette étude confirme que, s’ils peuvent être utiles à certains sujets à l’échelon individuel, leur extension systématique à toute une population ne réduit pas l’incidence des pathologies chroniques. Les auteurs donnent quelques pistes pour favoriser les changements d’habitudes à l’échelle des populations, parmi lesquelles une taxe sur les produits peu diététiques.

Source : Jørgensen T et coll. : Effect of screening and lifestyle counselling on incidence of ischaemic heart disease in general population. BMJ 2014;348:g3617doi: 10.1136/bmj.g3617

AF avec le JIM

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